Comment annoncer sa maladie à ses proches ?
Annoncer sa maladie à ses proches n’est pas simple. On peut avoir peur de gâcher l’ambiance d’un jour de fête alors que la famille entière est réunie. On ne se sent pas le courage d’appeler tout son entourage pour les prévenir. On ne sait pas à qui en parler. On se dit que rien ne presse et qu’on peut le dire plus tard. Avec au final le risque de ne jamais en parler à personne et de porter un lourd fardeau sur les épaules. Pourtant nous avons besoin d’être entourés pour affronter les moments difficiles et combattre la maladie. La présence de ses proches est d’ailleurs le plus beau cadeau que l’on puisse avoir.
Il y a 6 mois ma cousine est morte d’un cancer à l’âge de 45 ans. Elle est partie à peine 2 semaines après que j’ai appris la nouvelle via mes parents, qui eux-mêmes l’ont appris par sa mère. A-t-elle eu peur de ne pas trouver les mots ? Peur de craquer ? Certainement. Elle ne voulait voir personne sur son lit de mort à part sa mère. Manque de courage ? Peur de la réaction des autres ? Je ne sais toujours pas ce qui a motivé ses choix et si elle l’a regretté plus tard, mais j’aurai bien aimé être là pour la soutenir.
Vous l’avez compris, l’annonce de sa maladie n’est pas simple. Mais ce moment restera certainement gravé à jamais dans la mémoire de vos proches. Nous allons donc ensemble tenter de définir les meilleures façons de s’y prendre et surtout les erreurs à éviter.
Quand annoncer sa maladie ?
Avant de pouvoir l’annoncer et l’expliquer à d’autres personnes de son entourage, il est essentiel de bien avoir compris le tenant et aboutissant de sa maladie. Ils sont expliqués par votre médecin mais ça ne veut pas dire que vous avez digéré l’annonce. Comprendre et intégrer une maladie, surtout si elle est grave, peut prendre quelques jours.
Je pense par contre qu’il n’est pas bon de reporter l’annonce de sa maladie trop longtemps. De toute façon la vie de toute la famille va changer. Reporter l’annonce de sa maladie de plusieurs semaines voire plusieurs mois c’est s’ajouter un stress supplémentaire, risquer de devoir justifier une annonce tardive et surtout traverser certaines épreuves seul.
Attention toutefois à être sûr du diagnostic et d’attendre si nécessaire les derniers résultats d’une analyse. Il serait effectivement maladroit d’annoncer une maladie grave par erreur.
La méthode utilisée par les médecins
Il n’existe pas de recette miracle. Chacun le fera d’une manière différente. Il existe toutefois des méthodes utilisées par les médecins. En voici une inspirée du livre « Anticancer » de David Servan-Schreiber. Un livre très intéressant que je vous présenterai dans un article dédié. L’auteur est un médecin devenu du jour au lendemain patient à son tour lorsqu’il a appris qu’il avait un cancer. Ci-dessous la méthode en 3 étapes qu’il a d’abord conseillée à ses confrères, puis qu’il a utilisée pour annoncer son cancer.
1) Donner les faits tels quels, brièvement et sans détours
Le mieux est certainement de décrire sa maladie sans trop de détails, de donner le résultat des analyses (la formule la plus simple étant « les résultats sont formels »), et d’expliquer sans détours la progression de la maladie. Inutile de mentir.
2) Attendre
Faire un blanc volontairement permet à son interlocuteur de lui laisser le temps de réaliser la gravité de la situation et de comprendre qu’on ne rigole pas.
3) Parler de ce qu’il est possible de faire pour trouver une solution
C’est le moment de parler des interventions à réaliser, des traitements à faire et de la suite des opérations.
La méthode utilisée par les managers pour annoncer une mauvaise nouvelle
Les erreurs à éviter
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Évitez d’effectuer l’annonce par téléphone. Les émotions passent mal au téléphone. De plus on ne peut pas serrer son interlocuteur dans ses bras pour le réconforter. La discussion peut être écourtée sans que toutes les questions aient pu êtres posées. Autant d’éléments qui peuvent créer de la frustration à ses proches.
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Évitez d’effectuer l’annonce de votre maladie en public. Cela peut empêcher ses proches d’êtres eux-mêmes et dire vraiment ce qu’ils ressentent de peur d’être jugés ou entendus. De plus votre maladie ne concerne personne d’autre que vous et vos proches. Vous aurez tous le temps d’annoncer votre maladie ultérieurement à ceux que vous côtoyez (voisin, collègues, membre de la même association que vous, etc.). Faites l’annonce lorsque vous serez prêt, et dans un lieu adapté (au calme)
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Évitez de faire une annonce bâclée. Rien ne sert de faire l’annonce si la personne en face de vous n’a que 2 minutes devant lui. Les annonces du type « J’ai un cancer du colon, t’as qu’à regarder sur internet ! » sont assez violentes car elles coupent court à toute discussion ainsi qu’aux émotions.
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Évitez d’annoncer votre maladie trop tôt ou trop tard. Laissez-vous le temps de comprendre les tenants et aboutissants de la maladie avant de pouvoir l’expliquer aux autres. Comme énoncé dans l’introduction, une annonce tardive peut être une source de stress pour vous et d’incompréhension pour votre famille.
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Évitez d’en dire trop et d’être trop technique. Il faut du temps aux personnes qui reçoivent l’annonce d’entendre ce qui est annoncé et de comprendre la gravité. Rien ne sert de s’étaler pour le moment. Les questions viendront d’elles mêmes de votre famille et de vos amis. Rien ne sert non plus d’utiliser les termes savants donnés par les médecins. Expliquez avec vos mots ce qu’il en est réellement et utilisez les silences pour donner du poids à vos mots et voir la réaction de son interlocuteur.
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Évitez dans la mesure du possible de déléguer l’annonce à quelqu’un d’autre. Vos proches préfèreront certainement l’apprendre de vous. Sinon ils se sentiront exclus et risquent de ne pas vous soutenir dans votre combat autant que vous le souhaiteriez.
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Évitez de sous-estimer la maladie et de la banaliser. Vous risquez de ne pas être compris et que votre annonce ne fasse pas l’effet escompté.