Pourquoi l’alcool augmente-t-il les risques de cancers?
Pr Norbert Ifrah: Depuis 1988, l’alcool est classé cancérogène avéré pour l’être humain par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Et peu importe le type de boisson consommée! Les verres standard – ceux servis dans les bars- contiennent tous en moyenne la même quantité d’alcool pur, soit 10 grammes. Un verre de 3 cl de whisky à 40 degrés, un ballon de 10 cl de vin rouge à 12 degrés ou encore une chope de 25 cl, de bière à 5 degrés vont avoir le même effet toxique, le même pouvoir de nuisance sur la santé.
Concrètement lorsque quelqu’un boit, voilà ce qui se produit: une fois dans l’organisme, l’alcool déclenche certaines réactions chimiques. Si 20% de la dose ingérée vont être élimininés par la transpiration ou les urines, les 80% restants seront métabolisés et transformés par l’organisme, notamment en une molécule chimique et très réactive, l’acétaldéhyde. Lorsqu’elle entre en contact avec les muqueuses, cette dernière agit en modifiant l’ADN des cellules. Elle empêche également la réparation de ces cellules endommagées qui vont alors se multiplier de façon anarchique et favoriser ainsi la survenue de lésions cancéreuses. Deuxième facteur de risque de cancers évitables, après le tabac, l’alcool est impliqué dans plusieurs localisations de cancers. Il cible différents organes – voies aérodigestives supérieures (bouche, pharynx, larynx, œsophage), foie, côlon-rectum, estomac… mais aussi le sein. Même si cela peut surprendre, il est, chaque année, responsable de quasiment deux fois plus de cancers du sein (8000) que de cancers du foie (4300). Un verre d’alcool par jour suffit à augmenter le risque de cancer du sein de 10%!
Est-il possible de limiter les risques de cancers liés à l’alcool?
Pr Norbert Ifrah: L’impact cancérogène de l’alcool est directement lié à la quantité ingérée et cela que l’on boive un apéritif, de la bière ou du vin. Comme il constitue le deuxième facteur de risque de cancers évitables, il est possible d’agir pour se protéger de ses méfaits en réduisant la quantité et la fréquence de la consommation d’alcool. Il est recommandé de ne pas dépasser 10 verres d’alcool par semaine, avec au maximum 2 verres d’alcool par jour et ce pas tous les jours . À partir de 65 ans, compte tenu de la moindre tolérance de l’organisme, ces recommandations doivent être adaptées: pas plus d’un verre par jour avec des jours « sans » dans la semaine et/ou pas plus de 2 verres par occasion. En cas de difficulté, il ne faut pas hésiter à se faire aider par un professionnel de santé.
Notre Temps