La vaccination anti-HPV pour prévenir la majorité des cancers du col de l’utérus
Date de dernière mise à jour : 03/01/2017
Le cancer du col de l’utérus est dû à une infection persistante causée par un ou plusieurs papillomavirus humains (HPV) oncogènes. On estime qu’il a touché 2 797 femmes et a causé 1 092 décès en France en 2015. Malgré l’efficacité de la vaccination anti-HPV, qui protège contre 70 % des virus responsables de ce cancer, la couverture vaccinale en France est faible et en baisse depuis 2010.
- Épidémiologie de la vaccination anti-HPV
- Effets indésirables
- Vaccination anti-HPV : rappel des bonnes pratiques
L’infection à papillomavirus humains HPV est très fréquente et s’acquiert, la plupart du temps, dans les cinq années suivant les premiers rapports sexuels.
Les HPV de types 16 et 18, en particulier, sont présents dans plus de 70 % des cas de cancer invasif du col utérin en France. Ils sont également en cause dans la survenue de cancers du canal anal et de la vulve, et associés à certains cancers ORL.
La transmission du HPV se fait par contact avec la peau et les muqueuses, le plus souvent lors de rapports sexuels, avec ou sans pénétration. Le préservatif peut limiter le contact avec le virus mais n’assure pas une protection complète.
Dans la majorité des cas, l’infection s’élimine naturellement en 1 à 2 ans après la contamination. Toutefois, dans 10 % des cas, cette infection persiste et peut entraîner des lésions (CIN 1, CIN 2, CIN 3) au niveau des cellules du col de l’utérus. Ces lésions peuvent soit régresser vers un col normal, soit persister ou évoluer vers un cancer du col de l’utérus.
La lutte contre le cancer du col de l’utérus repose sur deux moyens d’action complémentaires :
- la vaccination des jeunes filles à partir de 11 ans et jusqu’à 14 ans, avec un rattrapage possible sous certaines conditions entre 15 et 19 ans ;
- le dépistage des lésions du col de l’utérus par frottis cervico-utérin tous les trois ans après deux premiers frottis normaux effectués à un an d’intervalle, pour toutes les femmes âgées de 25 à 65 ans, vaccinées ou non. Un rythme plus rapproché peut être proposé à vos patientes en fonction de leurs antécédents personnels et/ou familiaux et des résultats des frottis.
Épidémiologie de la vaccination anti-HPV
La couverture vaccinale anti-HPV en France est faible et en baisse depuis 2010. En 2013, seulement 20 % des jeunes filles âgées de 16 ans avaient reçu les trois doses vaccinales contre 27 % en 2010.
Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) rappelle, dans un rapport publié en juillet 2014, qu’avec une couverture vaccinale si faible, il ne sera pas possible pour la population concernée en France de bénéficier de l’efficacité constatée dans les pays ayant des couvertures beaucoup plus élevées. Au Royaume-Uni, par exemple, 80 % de la population cible est vaccinée, notamment par le biais des médecins scolaires.
Effets indésirables
L’un des freins à la diffusion de la vaccination anti-HPV est lié à la crainte d’effets indésirables. Aussi ces vaccins font-ils l’objet, depuis leur mise sur le marché, d’une surveillance renforcée, assurée par les autorités françaises et européennes. Cette surveillance renforcée n’a pas mis en évidence d’éléments remettant en cause la balance bénéfice-risque de ces vaccins. Ainsi, il n’y a pas, à ce stade, de signes d’augmentation de l’incidence des maladies auto-immunes, et ce également dans les données de la littérature française et internationale.
Afin de consolider les données disponibles, l’ANSM et la CNAMTS ont entrepris une étude spécifique sur l’incidence des maladies auto-immunes dans la population vaccinée. Cette étude, publiée le 13 septembre 2015, a porté sur les jeunes filles affiliées au régime général de la sécurité sociale âgées de 13 à 16 ans révolus entre janvier 2008 et décembre 2012, soit plus de 2,2 millions, parmi lesquelles environ 840 000 avaient été vaccinées contre les infections à HPV (par Gardasil® ou Cervarix®) et 1,4 million n’avaient pas été vaccinées.
Les résultats montrent que la vaccination contre les infections à papillomavirus humains (HPV) par Gardasil® ou Cervarix® n’entraîne pas d’augmentation du risque global de survenue de maladies auto-immunes, confirmant les données de la littérature française et internationale. Une augmentation du risque de syndrome de Guillain-Barré après vaccination contre les infections à HPV apparaît toutefois probable. Cet effet indésirable est déjà identifié dans l’AMM du produit. De surcroît, ses conséquences sont limitées (1 à 2 cas pour 100 000 filles vaccinées), compte tenu de la rareté de la maladie, et ne devraient pas être de nature à remettre en cause la balance bénéfice-risque pour les vaccins concernés.
Vaccination anti-HPV : rappel des bonnes pratiques
Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a révisé l’âge de la vaccination contre les infections à HPV et celui du rattrapage vaccinal dans un avis du 28 septembre 2012. Cette vaccination est désormais recommandée pour toutes les jeunes filles à partir de 11 ans jusqu’à 14 ans et, en rattrapage, pour les jeunes filles et jeunes femmes non encore vaccinées entre 15 et 19 ans révolus. Cette vaccination est d’autant plus efficace que les jeunes filles n’ont pas encore été exposées au risque d’infection par le HPV, qui peut se transmettre dès l’entrée dans la vie sexuelle. Elle confère toutefois une protection partielle et ne dispense donc pas du dépistage par frottis cervico-utérin tous les trois ans.
Deux vaccins bénéficient d’une autorisation de mise sur le marché (AMM). L’un, disponible depuis 2007, est bivalent et protège contre les HPV de génotypes 16 et 18 (Cervarix®). L’autre, mis sur le marché en 2006, est quadrivalent (Gardasil®) : il protège également contre les HPV de génotypes 6 et 11, à l’origine du développement de condylomes (verrues génitales). Ces lésions sont bénignes et sans risque d’évolution cancéreuse mais gênantes et difficiles à traiter.
Ces vaccins ne sont pas interchangeables : toute vaccination initiée avec l’un d’eux doit être menée à son terme avec le même vaccin. Depuis avril 2014, un schéma à deux doses est possible pour les filles les plus jeunes.
Les schémas vaccinaux diffèrent suivant le vaccin utilisé et l’âge de la jeune fille :
1er schéma vaccinal, de référence
Gardasil® | Cervarix® | |
---|---|---|
1ère injection | Entre 11 et 13 ans | Entre 11 et 14 ans |
2e injection | 6 mois plus tard | 6 mois plus tard |
2ème schéma vaccinal, pour les jeunes filles plus âgées
Gardasil® | Cervarix® | |
---|---|---|
1ère injection | Entre 14 et 19 ans | Entre 15 et 19 ans |
2e injection | 2 mois après la 1ère injection | 1 mois après la 1ère injection |
3e injection | 4 mois après la 2e injection | 5 mois après la 2e injection |
L’une de ces doses peut être coadministrée, notamment, avec le rappel dTP prévu entre 11 et 13 ans, ou avec un vaccin contre l’hépatite B dans le cadre d’un rattrapage vaccinal. Il est essentiel de respecter le schéma vaccinal. Toutefois, lorsqu’il est interrompu, il n’est pas nécessaire de refaire un schéma complet : il est possible d’administrer la (ou les) dose(s) manquante(s) au-delà de l’intervalle recommandé de 12 mois après la 1ère dose.
L’Institut national du cancer met à la disposition des médecins généralistes et des sages-femmes un module de formation à la prévention et au dépistage du cancer du col de l’utérus. Il a pour objectif d’aider les professionnels de santé à renforcer la diffusion de la prévention de ce cancer par la vaccination anti-HPV et son dépistage par frottis cervico-utérin.