Des progrès dans le dépistage du cancer du colon
A l’heure où Mars Bleu, le mois du cancer colorectal, s’achève, certaines découvertes en ce domaine s’annoncent décisives. Ainsi il deviendra possible, à l’avenir, de déceler les personnes à risque et donc d’agir à temps, avant même que les cellules précancéreuses ne se transforment en cellules cancéreuses. Une réelle avancée concernant certaines tumeurs.
Dans leur course contre la montre, les médecins n’ont cessé de chercher à dépister les tumeurs à un stade de plus en plus précoce. Un nouveau pas vient d’être franchi avec la mise au point d’un test prédictif du risque de cancer colorectal chez les personnes ayant des polypes jusqu’ici réputés «sans risque».
1 – Que révèle ce nouveau test?
Près d’un quart des Français (et occidentaux) de 20 à 54 ans, présente des polypes hyperplasiques sur leur muqueuse intestinale, jusqu’ici considérés comme bénins. Une équipe de chercheurs toulousains de l’Inserm s’est intéressée à ces polypes et au devenir de leurs «propriétaires» dans les dix ans qui ont suivi la résection chirurgicale de leurs polypes. Verdict : 100 % des personnes dont les polypes avaient un taux élevé en progastrine (une protéine retrouvée à leur niveau) ont développé des lésions précoces du cancer colique alors que ceux qui n’avaient pas ou très peu de progastrine n’ont jamais présenté de lésion cancéreuse.
2 – Sur quoi peut déboucher une telle découverte ?
Détecter le taux de progastrine dans les polypes coliques hypertrophiques retirés au cours d’une coloscopie, pourrait faire un bon test prédictif du risque de cancer colique. Les personnes dont les polypes afficheraient un taux anormalement élevé de progastrine, seraient alors invitées à bénéficier d’une surveillance coloscopique particulière, tandis que les autres en seraient dispensées. Mais avant de passer à cette étape, il faut déjà vérifier que les résultats des chercheurs de l’Inserm se vérifient à plus grande échelle.
3 – Si cela se vérifie, ce test pourrait-il remplacer l’actuel test Hémoccult II ?
Non, cela n’a rien à voir ! Le test Hémoccult II ® est un test de dépistage des cancers colorectaux, proposé à tous les plus de 50 ans. Il permet de dépister des saignements microscopiques, justifiant alors la réalisation d’une coloscopie. Le test à la progastrine, quant à lui, concerne les personnes qui ont déjà passé une coloscopie et à qui l’on a trouvé un ou plusieurs polypes qui ont été retirés au cours de cet examen. Il s’agit donc bien d’un test prédictif du cancer, mais uniquement chez des personnes qui étaient déjà porteuses d’un polype.
4 – De son côté, le test Hémoccult II va-t-il être amélioré ?
L’actuel test Hemoccult II ® est tout à fait adapté en terme de fiabilité pour le dépistage de masse. Mais comme il faut le réaliser sur trois selles consécutives, il est très rébarbatif, et de fait le dépistage peine à décoller. Pour pallier ce problème, un nouveau test immunologique (encore plus fiable), qui repose sur la détection d’hémoglobine humaine dans les selles grâce à l’utilisation d’anticorps spécifiques de la partie globine, pourrait bien le remplacer en 2013. Principal avantage : un seul prélèvement de selle est nécessaire.
5 – Outre ces tests prédictifs, y a-t-il des avancées concernant le diagnostic ?
Auparavant, pour étudier une lésion suspecte au microscope, il n’y avait pas d’autre choix que de la biopsier et d’analyser les cellules ainsi recueillies en anatomopathologie (sur des lames, au microscope, en laboratoire). Depuis peu, une nouvelle technologie en cours de validation – celle de l’endomicroscopie confocale – permet de rechercher les cellules précancéreuses ou cancéreuses sans avoir besoin de faire de prélèvement. En effet, le microscope confocal grossit sept cents fois ! Il permet donc d’obtenir une bonne image des cellules observées, d’autant qu’il offre la possibilité de pratiquer des coupes histologiques virtuelles sur une petite épaisseur. Grâce à une société française qui a mis au point une technique d’endomicroscopie confocale, les gastro-entérologues peuvent désormais passer une sonde spéciale à travers le canal opérateur d’un coloscope, s’approcher de la muqueuse et obtenir une coupe histologique virtuelle en profondeur (six machines de ce type tournent déjà en France). Si cette technologie tient ses promesses, il y a fort à parier qu’elle prendra une place de plus en plus grande dans le dépistage précoce des tumeurs cancéreuses. Certains l’annoncent d’ailleurs déjà comme la révolution des années à venir et pas seulement en gastro-entérologie
Nathalie Szapiro