Cancer du sein : comment prendre soin de sa peau ? Les conseils d’une socio-esthéticienne
Les traitements du cancer du sein peuvent avoir un impact délétère sur la peau et les ongles. Une socio-esthéticienne livre ses conseils pour en prendre soin.
La socio-esthétique consiste à utiliser des soins esthétiques et des connaissances en cosmétiques pour accompagner au mieux les personnes fragilisées par les différents traitements. “C’est aider l’autre à affronter une période de traitement plus ou moins longue, en lui donnant les clés du prendre soin de soi. La personne se sent alors actrice dans son parcours de soin et conserve par ce biais son identité”, explique Prescilia Wrobel.
Cancer du sein : quel est l’impact des traitements sur la peau ?
Anémie, nausées, perte d’appétit, fatigue extrême, troubles digestifs, perte des cheveux font partie des effets secondaires fréquemment rapportés par les patientes. Mais les traitements du cancer du sein (chimiothérapie, thérapie ciblée, immunothérapie, chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie etc.) ont également un impact sur la peau et les ongles, qu’ils peuvent fragiliser. “La tumeur elle-même peut également affecter la peau en provoquant une grosseur ou une asymétrie, mais aussi en faisant se rétracter la peau, par exemple au niveau de l’aréole”, ajoute Prescilia Wrobel.
La chimiothérapie, l’immunothérapie, les thérapies ciblées et l’hormonothérapie
“Les traitements médicamenteux agissent sur les cellules tumorales qui sont à renouvellement rapide, la peau aussi se régénère régulièrement et assez rapidement (28 jours) elle est donc en partie touchée par ces produits”, explique la socio-esthéticienne. Parmi les effets secondaires on peut observer : des éruptions cutanées (folliculite, rash acnéiforme), une hypersensibilité/réactivité importante, une photosensibilité (tâches d’hyper pigmentation, « coup de soleil »…), de l’urticaire, une sécheresse cutanée, une alopécie (plus ou moins importante car toutes les molécules ne sont pas alopéciantes), une coloration et/ou un décollement des ongles (pouvant aller jusqu’à la chute.)
La chirurgie
A la suite d’une chirurgie, la zone cicatricielle va évoluer du jour de l’intervention jusqu’à 18 à 24 mois postopératoire pour une cicatrisation complète.
La radiothérapie
Les rayons peuvent induire une sorte de brûlure, qu’on appelle une radiodermite. Elle apparaît 10 à 15 jours après le début des rayons, et évolue durant 10/20 jours après l’arrêt des séances. La radiothérapie peut également provoquer une alopécie sur la zone irradiée et une hypersensibilité de la zone à la chaleur et au soleil.
Cancer du sein : voici comment prendre soin de sa peau (et de soi) au quotidien
La socio-esthéticienne précise que les effets secondaires sont très variables d’une patiente à l’autre, en fonction du médicament utilisé et du dosage, mais aussi de la sensibilité individuelle chaque femme. “Mais nous savons que la mise en place de certaines pratiques peut prévenir leur apparition : l’acupuncture, l’auriculothérapie, la réflexologie, la mise en place de routines de soins adaptés grâce à la socio-esthétique”, ajoute-t-elle.
Elle recommande par exemple d’appliquer du vernis à base de silicium de l’annonce à 1 an post-chimiothérapie. “La base apporte le silicium et la couleur, qui doit être opaque ou avec un filtre UV, sert à protéger des UV. Le top coat est optionnel”, explique-t-elle. Autre point de vigilance très important, la protection solaire. Il faut en effet se protéger des UV à l’aide d’un produit solaire SPF 50/+ et couvrir le maximum de zones, quelle que soit la saison.
Enfin, Prescilia Wrobel recommande de prendre de bonnes habitudes au quotidien et d’adapter quelques produits de beauté. “On choisit un produit lavant adapté (crème ou huile lavantes de La Roche-Posay, Avène, Uriage, SVR, Bioderma…). Il faut aussi intégrer la notion de soin de la peau dès le moment de la douche (attention au séchage : on se tamponne !). Parmi les autres indispensables : une crème qui répond aux besoins de la peau (manque d’eau ou de gras, tendance à rougir ou desquamer….) et de l’eau thermale en spray, pour sa multitude d’utilisations et de vertus”, détaille la spécialiste.
Quels sont les produits de soin et de beauté à éviter ?
“Dans le choix des produits, on fait attention aux huiles essentielles (certaines sont dites ‘hormones like’ et donc incompatibles avec un traitement contre un cancer hormono-dépendant) et aux parfums de synthèse qui sont allergènes. On fait aussi attention à la forme galénique du produit en fonction des besoins, si la peau manque de gras on appliquera une crème riche ou un baume et non un gel crème”, explique Prescilia Wrobel. Mais il est très important d’avoir en tête la notion de plaisir, car un produit plaisant sera toujours plus facilement intégré dans une routine de soin.
Il existe aussi des marques spécialement dédiées aux personnes souffrant d’un cancer. Des produits qui sont souvent chers, et donc pas accessibles à toutes les patientes. “On peut très bien trouver des produits adaptés moins chers, par exemple en enrichissant une crème avec l’huile végétale (germe de blé, avoine etc.) de son choix”, explique la spécialiste.
Accompagnement par une socio-esthéticienne : quels sont les soins proposés ?
Prescilia Wrobel travaille essentiellement à la Maison RoseUp à Paris (lieu d’accueil et d’accompagnement pour les femmes touchées par un cancer dès l’annonce, pendant et après les traitements), mais aussi en tant qu’indépendante dans différentes structures, notamment en service de soins palliatifs. Les soins proposés sont variés. “L’objectif est de soulager les patientes, de les accompagner. Cela peut passer par des exercices de relaxation, des massages, des soins du visage, une beauté des pieds, une manucure, mais aussi des conseils de maquillage afin d’aider les femmes à se réapproprier leur image et à retrouver leur identité”, explique la socio-esthéticienne. Cette dernière ajoute qu’outre les rendez-vous individuels, elle anime également des ateliers en groupe sur des thèmes choisis (soulager les neuropathies par le massage, comment utiliser les huiles végétales etc.)
Merci à Prescilia Wrobel, socio-esthéticienne.
Merci à l’Association RoseUp.