Cancer présent lors d’une grossesse
La présence d’un cancer lors d’une grossesse est une chose rare. Puisque c’est rare, il n’y a pas eu beaucoup de recherches effectuées, donc on a peu d’information à ce sujet. Prendre les bonnes décisions pour vous peut être difficile. Plusieurs questions sont à considérer.
Il est possible que vous craigniez que le cancer, son traitement et les examens effectués pour le diagnostiquer affectent le bien-être de votre bébé.
Il existe des traitements du cancer sans danger pour le bébé durant la grossesse ou à certains moments de la grossesse. D’autres ne sont pas sûrs pour le bébé, peu importe quand pendant la grossesse. La plupart des cancers ne se propagent pas de la femme au bébé. Les récents progrès dans les traitements ainsi qu’une surveillance attentive permettent aux femmes enceintes atteintes de cancer d’avoir une grossesse plus sûre, de sorte qu’il est plus probable que la grossesse arrive à son terme et que le pronostic soit bon pour le bébé. Il est important de savoir que si vous êtes enceinte et atteinte de cancer, vous pouvez mettre au monde un enfant en santé.
Types de cancer
La grossesse même ne cause pas le cancer, et être enceinte ne fait pas augmenter le risque d’avoir le cancer.
Voici les cancers les plus fréquemment diagnostiqués au cours de la grossesse :
- cancer du sein (le plus courant);
- cancer du col de l’utérus;
- lymphome hodgkinien;
- lymphome non hodgkinien;
- cancer de l’ovaire;
- mélanome;
- leucémie;
- cancer de la glande thyroïde;
- cancer colorectal.
Dans de très rares cas, un cancer peut se développer lors d’une grossesse môlaire. La grossesse môlaire est un type de maladie trophoblastique gestationnelle. Le tissu qui devient habituellement le fœtus devient plutôt une masse anormale dans l’utérus. La grossesse môlaire peut provoquer les mêmes symptômes qu’une simple grossesse, mais elle n’est pas normale. Il n’y a pas de fœtus qui se développe dans le cas de la grossesse môlaire.
Apprenez-en davantage sur la maladie trophoblastique gestationnelle.
Diagnostiquer un cancer pendant une grossesse
De nombreux symptômes tels que les nausées, les vomissements, le ballonnement abdominal, les changements mammaires (masses), les saignements rectaux, la fatigue et les maux de tête sont courants pendant la grossesse. Mais ces symptômes sont parfois liés à un type spécifique de cancer. Il est important de discuter avec votre médecin de vos symptômes s’ils persistent ou se manifestent à un moment de la grossesse où ils ne sont plus considérés comme typiques.
Parfois, une grossesse révèle la présence d’un cancer plus tôt qu’il n’aurait été détecté autrement. Par exemple, un test Pap effectué dans le cadre des soins habituellement prodigués lors d’une grossesse peut permettre de détecter un cancer du col de l’utérus. Et une échographie effectuée au cours d’une grossesse peut permettre de détecter un cancer de l’ovaire.
Si on soupçonne la présence d’un cancer, vous pourriez vous inquiéter de devoir passer des tests diagnostiques en raison des effets possiblement nuisibles pour le bébé. Vous pourriez, par exemple, vous préoccuper d’une exposition à la radiation au cours d’une radiographie, d’une tomodensitométrie (TDM) ou d’un examen de médecine nucléaire. Mais certains de ces tests peuvent être effectués sans danger durant la grossesse et ainsi donner à votre médecin des renseignements additionnels qui lui serviront à mieux traiter le cancer.
Les tests effectués peuvent nuire ou non au bébé, et cela dépend du stade de la grossesse, du nombre et du type de rayons X utilisés et de la quantité de radiation administrée. Pour une radiographie ou une tomodensitométrie (TDM), on recouvre toujours l’abdomen de la mère d’un écran en plomb afin d’offrir une protection supplémentaire.
La recherche a démontré que l’intensité des radiations lors d’une radiographie (avec une protection radiologique appropriée) effectuée pour diagnostiquer un cancer est trop faible pour nuire au bébé.
La TDM a recours à des radiations plus intenses que la radiographie courante et montre avec une précision beaucoup plus grande les organes et les structures internes. Elle peut aider à diagnostiquer le cancer ou à révéler s’il s’est propagé et où il l’a fait. Une TDM de la tête ou du thorax n’est habituellement pas dangereuse. Cependant, la TDM de l’abdomen ou du bassin ne devrait être effectuée qu’en cas de nécessité absolue pour planifier le traitement.
Imagerie par résonance magnétique, échographie et biopsie
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) et l’échographie sont considérées sans danger lors d’une grossesse puisqu’elles n’ont pas recours à la radiation. L’examen physique et de nombreux types de biopsie sont également des moyens inoffensifs et importants pour diagnostiquer un cancer. Si un examen en particulier vous inquiète, discutez-en avec votre médecin.
Traiter un cancer pendant une grossesse
Le traitement du cancer lors d’une grossesse est très complexe. Avant de recevoir un traitement du cancer et pendant toute la grossesse, votre médecin spécialiste des grossesses (obstétricien) évaluera l’âge du bébé, la maturité physique du bébé et la date d’accouchement prévue afin d’aider à planifier votre traitement et de s’assurer que le bébé se développe correctement.
L’équipe de soins déterminera les meilleures options de traitement pour vous, en tenant compte également des risques possibles pour le bébé. Les options de traitement du cancer lors d’une grossesse sont les mêmes que lorsqu’il n’y a pas de grossesse, mais il se pourrait qu’on doive changer la manière et le moment d’administrer le traitement.
Le type de traitement et le moment où on l’entreprendra dépendent de nombreux facteurs dont ceux-ci :
- emplacement du cancer;
- type de cancer;
- stade du cancer;
- âge du bébé (depuis combien de temps vous êtes enceinte);
- urgence du traitement;
- ce que vous préférez ou voulez.
Le traitement est adapté à votre cas. Les traitements du cancer employés lors d’une grossesse comportent la chirurgie, la chimiothérapie et parfois la radiothérapie, mais on y a recours seulement après les avoir bien étudiés et planifiés afin d’améliorer votre santé et celle de votre bébé.
Certains traitements du cancer peuvent nuire au bébé, en particulier lors des 3 premiers mois de la grossesse, soit le premier trimestre. C’est pendant cette période que la structure et les organes du bébé se développent. On retarde donc parfois certains traitements jusqu’au deuxième ou au troisième trimestre.
Lorsqu’un cancer est diagnostiqué dans les derniers temps d’une grossesse, on peut parfois attendre que le bébé soit né avant d’administrer le traitement. Le médecin pourrait également envisager de déclencher, ou provoquer, l’accouchement avant terme.
Dans le cas de certains cancers dont le stade est très précoce, comme un cancer du col de l’utérus à un stade très précoce, il peut être sans danger de mener la grossesse à terme et de retarder le traitement jusqu’après la naissance du bébé. Ou bien on pourrait pratiquer une chirurgie mineure en toute sécurité pour traiter un cancer précoce sans nuire au bébé.
Certaines situations pourraient exiger que la femme et le médecin décident si la grossesse doit être interrompue. Entreprendre un traitement immédiatement pourrait être l’option qui nuirait le moins si vous êtes atteinte d’un cancer agressif ou avancé détecté tôt dans la grossesse.
Chirurgie
En général, la chirurgie pourrait être considérée comme l’option de traitement la plus sécuritaire pour certains cancers, en particulier après le premier trimestre. Les progrès effectués en chirurgie ainsi qu’une surveillance attentive font en sorte qu’il est possible de réduire les risques à la fois pour vous et votre bébé.
Chimiothérapie et autres traitements médicamenteux
En chimiothérapie, on a recours à des médicaments anticancéreux pour traiter le cancer. Il s’agit d’un traitement systémique. Cela signifie que les médicaments circulent dans le sang pour trouver et détruire les cellules cancéreuses. Les agents chimiothérapeutiques et d’autres médicaments employés pour traiter le cancer sont toxiques et certains peuvent nuire au bébé, en particulier s’ils sont administrés au cours du premier trimestre de la grossesse, lorsque les organes du bébé se développent.
Les médecins tentent parfois de retarder la chimiothérapie afin de minimiser les effets sur le bébé. Cette décision dépend de jusqu’à quel point le cancer a évolué et de la rapidité à laquelle il s’est développé.
Une chimiothérapie administrée au cours du premier trimestre d’une grossesse peut causer des anomalies congénitales ou faire en sorte que le poids du bébé sera faible à la naissance ou encore provoquer une fausse couche. Quand la chimiothérapie est administrée lors du premier trimestre, le risque d’anomalies congénitales varie selon le type de chimiothérapie employé.
Bien que certains agents chimiothérapeutiques administrés lors du deuxième et du troisième trimestres soient associés à un bébé dont le poids est faible à la naissance et à la mise au monde d’un enfant mort-né (mortinaissance), de nombreux agents chimiothérapeutiques et autres médicaments peuvent être employés au cours du deuxième et du troisième trimestres sans nuire au bébé. Le placenta offre une grande protection. Le placenta se développe durant la grossesse et relie les vaisseaux sanguins de la mère et du bébé. Il fournit les éléments nutritifs et expulse les déchets. Il agit également en tant que barrière entre la mère et le bébé, ce qui empêche de nombreux agents chimiothérapeutiques de le traverser.
On ne recommande habituellement pas la chimiothérapie après 35 semaines de grossesse (3 semaines avant l’accouchement) puisqu’elle peut faire diminuer le nombre de vos cellules sanguines, ce qui est susceptible de causer des saignements et d’accroître le risque d’infection lors de l’accouchement. Cesser la chimiothérapie pendant cette période peut vous permettre de récupérer de la moelle osseuse qui aurait pu être détruite pendant le traitement. Cela pourrait aussi donner au placenta le temps d’expulser les médicaments du corps de votre bébé et de ramener à la normale le nombre de vos cellules sanguines avant l’accouchement.
Certains effets des agents chimiothérapeutiques et d’autres médicaments sur le bébé ne sont pas encore connus, en particulier s’il s’agit de médicaments plus récents comme ceux employés pour les thérapies biologiques ou les traitements ciblés. La chimiothérapie et d’autres traitements médicamenteux peuvent causer des problèmes de santé chez la femme comme des infections, l’anémie ou les nausées et vomissements. Ces problèmes peuvent nuire indirectement au bébé.
Radiothérapie
En radiothérapie, on a recours à des rayons X ou à des particules de haute énergie pour détruire les cellules cancéreuses et réduire la taille des tumeurs. On n’a habituellement pas recours à la radiation au cours de la grossesse puisqu’elle peut nuire au bébé, en particulier lors du premier trimestre alors que les organes du bébé et son système nerveux central se développent. L’administration d’une radiothérapie lors du deuxième ou du troisième trimestre dépend de la dose de radiation et de la région à traiter. La Commission Internationale de Protection Radiologique a élaboré des lignes directrices sur les limites sécuritaires d’exposition à la radiation pendant la grossesse.
Quand on peut avoir recours à la radiothérapie, on planifie avec soin le traitement si le cancer est situé loin du bassin où se développe le bébé (comme un cancer de la tête et du cou). On emploie des écrans ou des blocs en plomb pour réduire le plus possible la quantité de radiation émise vers le bébé. Il est habituellement possible d’attendre que le bébé soit né avant d’administrer une radiothérapie pour le cancer du sein.
Un cancer qui affecte le bassin ne peut être traité efficacement par radiothérapie sans causer de problèmes graves au bébé, peu importe le stade de la grossesse. Les effets possibles sur le bébé pendant cette période comprennent la fausse couche, des anomalies congénitales, une fonction cérébrale anormale ainsi qu’un ralentissement de la croissance. Pour une grossesse de 1 à 26 semaines, il arrive fréquemment que les médecins recommandent de ne pas la poursuivre. Si le cancer est détecté plus tard, il est souvent possible de reporter le traitement après l’accouchement.
Allaitement
Les cellules cancéreuses ne peuvent être transmises au nourrisson par le lait maternel. Mais les agents chimiothérapeutiques et d’autres médicaments peuvent être transférés au bébé, ce qui peut engendrer des effets nuisibles. Les substances radioactives qu’on prend sous forme de boisson ou de pilule (comme l’iode radioactif employé pour traiter le cancer de la glande thyroïde) peuvent aussi passer dans le lait maternel et nuire au bébé. Il est donc possible qu’on vous demande d’arrêter l’allaitement pendant un certain temps ou bien de ne pas allaiter du tout si vous devez recevoir un traitement systémique, comme la chimiothérapie.
Il faut toujours demander à l’équipe de soins si l’allaitement est sans danger.
Pronostic
Le pronostic (issue à laquelle on s’attend) d’une femme enceinte et atteinte de cancer est souvent le même que celui des femmes du même âge qui sont atteintes du même type de cancer de même stade, mais qui ne sont pas enceintes.
Fondation contre le cancer canadienne