Cancer de la peau : voici les zones à surveiller
Les ongles, les oreilles et même les yeux : même ces zones peuvent être le point de départ d’un cancer cutané. La bonne nouvelle, c’est qu’il est presque toujours possible de repérer visuellement les signes d’un cancer de la peau.
Si vous êtes déjà allé.e consulter un dermatologue pour des problèmes de peau, vous connaissez la chanson : préparez-vous à une étude qui se concentre sur les parties du corps auxquelles vous ne pensez jamais et n’exposez pas au soleil. La plupart des gens associent le cancer de la peau aux bains de soleil, à la crème à bronzer et à une mauvaise application de crème solaire. Cependant, il s’avère que de nombreux cancers de la peau surviennent sans l’action du soleil et de ses puissants rayons UV.
« Le cancer de la peau peut être sournois », explique Alix Charles, un dermatologue certifié qui exerce à Hinsdale, aux États-Unis. Les cas de cancer de la peau les plus graves se développeraient dans des zones non-exposées au soleil. Des endroits qui, si vous les oubliez, peuvent entraîner des diagnostics tardifs, des traitements invasifs et des cas de cancer plus graves.
Voici pourquoi les dermatologues souhaitent que vous redéfinissiez votre relation avec votre peau, en particulier avec ses recoins les plus secrets.
QU’EST-CE QUI CAUSE LE CANCER DE LA PEAU ?
Le cancer de la peau peut se manifester de différentes manières. La plupart des cas sont associés à des années d’exposition aux rayons ultraviolets du soleil. S’ils illuminent la surface de la Terre, ils traversent notre atmosphère et exposent la peau humaine à des risques de cancer.
Les rayons UV les plus nocifs sont perçus entre dix heures et seize heures, lorsque le soleil est à son zénith. Cependant, l’œil humain ne peut pas détecter les rayons UV, qui ont des longueurs d’ondes plus courtes que la lumière visible et peuvent endommager la peau même par temps nuageux. Une trop grande exposition à des ultraviolets est associée à deux des formes de cancer de la peau les plus courantes, le carcinome basocellulaire et le carcinome épidermoïde cutané. Bien que la génétique joue un rôle dans ces deux cancers courants, l’exposition aux UV n’arrange rien. Ces derniers endommagent l’ADN des cellules de la peau, ce qui accroît le risque de mutations lorsque l’organisme tente de lutter et de se rétablir
LES CANCERS DE LA PEAU AGRESSIFS N’ONT PAS FORCÉMENT BESOIN DE SOLEIL
Le nombre de nouveaux cas de cancers de la peau aurait plus que triplé en France entre 1990 et 2023, les carcinomes cutanés représentant 90 % des cancers cutanés diagnostiqués. Bien que les cas graves de ces cancers de la peau puissent être mortels, ils sont beaucoup moins dangereux que les mélanomes, une forme invasive de cancer de la peau qui n’est pas toujours causée par l’exposition aux rayons UV.
Cette forme de cancer plus invasive et au fort potentiel métastatique peut parfois être provoquée par une exposition intensive aux UV, mais on pense également que des mutations génétiques héritées et acquises ainsi qu’un système immunitaire affaibli peuvent y contribuer. Et contrairement aux cancers cutanés à croissance lente, les mélanomes peuvent se propager, formant de nouvelles tumeurs dans d’autres parties du corps lorsque le cancer agressif passe par le système lymphatique et la circulation sanguine.
DES ENDROITS INATTENDUS POUR LE CANCER DE LA PEAU
Des dermatologues comme Alix Charles affirment qu’il est essentiel de surveiller la santé de votre peau, même dans les régions moins intuitives qui ne sont pas très exposées au soleil.
« Il y a presque toujours une possibilité de repérer visuellement un cancer de la peau », explique Charles, même dans des endroits où la plupart des gens ne penseraient pas à vérifier.
Les ongles de doigts et d’orteils : « Bob Marley est mort d’un mélanome qui s’était déclaré sous son ongle d’orteil », explique Alix Charles. Connus sous le nom de mélanomes sous-unguéaux, les cancers qui se forment sous les ongles se présentent le plus souvent sous la forme de traînées sombres et verticales de couleur brun-noir, sur la peau sous l’ongle du gros orteil, du pouce et de l’index. Bien que relativement rares, ces mélanomes sont le type malin le plus fréquent chez les patients noirs, asiatiques et hispaniques.
Les oreilles : Les oreilles sont souvent exposées au soleil. Mais elles abritent également des coins et des recoins plus sombres qui peuvent facilement cacher des cancers graves. Toutefois, en raison de la forme unique des oreilles, il est facile de ne pas voir les cancers de la peau dans les crevasses de l’oreille. De plus, les diagnostics tardifs sont fréquents chez de nombreux patients.
Les yeux : Bien que ce soit rare, quelques cas de cancer de la peau peuvent se développer à l’intérieur des yeux. Des taches sombres peuvent apparaître sur l’iris ou dans le blanc de l’œil. Le carcinome à cellules de Merkel, un cancer rare d’un type spécifique de cellules de la couche supérieure de la peau, se présente généralement sous la forme d’une petite bosse ferme sur la paupière. C’est l’un des types de cancers les plus agressifs, avec un taux de mortalité de 40 % et un taux de récidive élevé.
Les parties génitales : Poser des questions sur des lésions suspectes dans la région de l’aine peut être embarrassant, mais le cancer de la peau peut également se développer sur la peau qui tapisse la vulve et le pénis ou à l’intérieur du vagin et du col de l’utérus. « J’avais une patiente une fois qui était embarrassée de me demander de regarder ses parties génitales », raconte Charles. « Il s’est avéré qu’elle avait une lésion vulvaire atypique qui était un cancer de la peau. La majorité des femmes ne pensent pas à vérifier leur propre zone vulvaire, mais le cancer de la peau peut s’y développer ». Bien que le soleil ne touche pas ces zones sensibles, la formation du cancer de la peau y suit généralement l’évolution des régions plus exposées, avec des lésions ressemblant à des grains de beauté qui évoluent avec le temps.
Les pieds : Le cancer de la peau peut également apparaître sur la plante des pieds. L’Académie américaine des dermatologues signale que pour les personnes d’origine africaine et asiatique, les pieds et les mains sont les endroits les plus fréquents pour les mélanomes. Les patients doivent vérifier entre les orteils, sur la plante des pieds, ainsi que sur le dessus et les côtés de chaque pied.
Le crâne : Vous vous enduisez peut-être de crème solaire sur le visage lorsque vous sortez, mais négligez-vous la partie de vos cheveux ? Grosse erreur, d’après Charles, qui remarque souvent des cancers de la peau sur le crâne de ses patients. Bien que le mélanome du cuir chevelu soit le plus fréquent chez les patients présentant des taches chauves ou des cheveux clairsemés, il peut aussi se cacher sous des cheveux épais. C’est pourquoi les dermatologues recommandent d’appliquer de la crème solaire sur votre peau avant de sortir.
La longue liste des sites de cancer de la peau contre-intuitifs peut sembler alarmante, mais Alix Charles affirme qu’il est étonnamment facile de repérer la plupart des cancers de la peau si notre entourage prend le temps d’observer notre peau.
« Accordez du crédit à votre moitié, à votre conjoint·e et à vos ami·es : ils peuvent littéralement sauver votre vie », dit-il. Si vous remarquez une évolution préoccupante, consultez un dermatologue dès que possible. « Plus un cancer de la peau est détecté tôt, meilleur est le pronostic, plus la cicatrice est petite et moins le cancer risque de se propager », explique Charles.
QUAND FAUT-IL CONSULTER ?
Pour savoir si une tache ou un grain de beauté doit vous inquiéter, il est conseillé de suivre la « règle ABCDE ». Si vous avez une tache qui présente une asymétrie, un bord irrégulier, une couleur variable, un diamètre supérieur à six millimètres ou qui évolue et change avec le temps, il faut consulter votre médecin. Si vous avez des antécédents familiaux de cancer de la peau, des antécédents de coups de soleil fréquents ou un teint clair, il peut être utile de prévoir des contrôles réguliers avec un dermatologue.
Mais tout le monde devrait examiner sa peau régulièrement, affirme Charles, même les personnes ayant un teint plus foncé. « En cas de doute, il n’y a pas de mal à consulter un dermatologue pour faire évaluer les risque », ajoute-t-il. La minutie de votre médecin pourrait vous inciter à mieux surveiller les zones d’ombre de votre corps, au cas où.
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