Cancer du col de l’utérus : doit-on continuer à faire des frottis après 65 ans ?
Le frottis fait partie des examens courants de la vie des femmes. Mais qu’en est-il après la ménopause ? Les réponses et explications du Dr Cécile Pénager, gynécologue-obstétricienne.
Le frottis consiste à analyser les cellules au niveau du col de l’utérus afin de détecter des cellules précancéreuses ou cancéreuses. « Le prélèvement peut être réalisé par un gynécologue, une sage femme, un médecin généraliste ou un biologiste formés », explique le Dr Pénager. « Le frottis est réalisé lors d’un examen gynécologique habituel. Il faut d’abord mettre en place un spéculum pour ouvrir le vagin afin de bien voir le col et effectuer ensuite le prélèvement », ajoute-t-elle.
Cancer du col de l’utérus : le dépistage a changé !
Le cancer du col de l’utérus est en grande majorité lié au papillomavirus. Désormais le dépistage à partir de 30 ans repose donc sur un test qui détecte la présence du papillomavirus, avec un prélèvement qui se fait toujours au niveau du col de la même manière. « Si le frottis est positif et détecte le papillomavirus, les cellules sont analysées. Si c’est négatif, on s’arrête là », détaille la gynécologue. Avant 30 ans, on réalise toujours une analyse cytologique (des cellules).
Le premier prélèvement doit avoir lieu à l’âge de 25 ans, et surtout pas avant car la mise en relation avec le virus a lieu lors des premières relations sexuelles. « Il peut donc y avoir des frottis anormaux à cet âge, mais c’est normal et généralement tout rentre dans l’ordre spontanément », explique le Dr Pénager. Après ce premier frottis, un second prélèvement a lieu un an plus tard, puis deux à trois ans plus tard ensuite. À partir de 30 ans, on recherche la présence du papillomavirus, si le frottis est toujours négatif, l’examen ne sera réalisé que tous les cinq ans. « S’il n‘y a pas de papillomavirus, la probabilité de développer des lésions précancéreuses est très faible », rappelle la spécialiste. En revanche, si le frottis est positif, les cellules sont analysées et la prise en charge est réalisée en fonction du résultat.
Après la ménopause, dois-je continuer les frottis ?
Après des frottis réguliers tout au long de la vie, il est normal que les femmes s’interrogent sur la nécessité de poursuivre les prélèvements après la ménopause. Il y a alors deux cas de figure : soit la femme a toujours eu des frottis normaux, soit des anomalies ont été détectées au cours de sa vie.
Si la femme a toujours eu des frottis normaux
Dans ce cas, on arrête les prélèvements à 65 ans. « On considère qu’il n’y a pas de papillomavirus, donc pas de développement de pathologie cancéreuse. Et même si quelque chose se développe à 65/70 ans, il faut une dizaine d’années pour que le cancer commence à se développer », ajoute la gynécologue. Mais attention, même si les frottis s’arrêtent, un examen gynécologique annuel reste nécessaire après la ménopause et après 65 ans.
Si la femme a eu des frottis anormaux
Chez une femme qui a eu des anomalies au niveau du frottis, la surveillance doit être poursuivie à vie. Il est donc nécessaire de continuer après 65 ans. « Le frottis se réalise de la même manière après la ménopause. Il peut parfois être un peu plus difficile à réaliser car la muqueuse a tendance à s’atrophier et donc on peut avoir du mal à visualiser le col et à récupérer des cellules. On pourra alors mettre un peu d’hormones préalablement par voie vaginale pour faciliter le prélèvement », explique le Dr Pénager.
Suivi gynécologique après la ménopause : il demeure indispensable !
« Après la ménopause, les patientes ont tendance à réduire leur suivi. Globalement, les études nationales montrent une chute des consultations gynécologiques après la ménopause. Il n’y a plus de contraception, plus de règles. Et si la ménopause se passe bien, les femmes relâchent le suivi », observe le Dr Pénager. Cette dernière rappelle qu’un suivi gynécologique régulier doit être continué.
Dr Cécile Pénager, gynécologue-obstétricienne.