Cancer du col de l’utérus : frottis et vaccination, deux armes essentielles
Du 24 au 30 janvier 2015 a lieu la 9e semaine de prévention du cancer du col de l’utérus. Une pathologie pour laquelle le corps médical dispose de moyens de prévention et de diagnostic précoce efficaces.
A l’occasion de cette semaine de mobilisation, les tutelles de santé lancent une nouvelle campagne d’information
sur le dépistage de ce cancer. Elle permettra de rappeler aux femmes l’importance de réaliser un frottis tous les
3 ans dès 25 ans et jusqu’à 65 ans. En cohérence avec le Plan Cancer 2014-2019, on peut en effet rappeler et expliquer les bonnes habitudes à prendre en matière de dépistage.
Aujourd’hui, il existe deux façons de se prémunir contre les cancers du col de l’utérus. On peut d’abord éviter l’apparition de ces cancers, grâce à la vaccination contre le papillomavirus (HPV). Ce microbe est rencontré par la plupart des femmes au cours de leur vie sexuelle. Il ne déclenche pas d’infection grave, mais peut faire apparaître des cellules dites dysplasiques au niveau du col de l’utérus. Elles peuvent elles-mêmes dégénérer en cancer 10 à 15 ans plus tard. « La vaccination de toutes les jeunes filles, entre 11et 14 ans (avant le début de leur vie sexuelle), permettrait d’éviter 70 % des infections persistantes, à l’origine des cancers », explique le Pr Roman Rouzier, directeur médical du pôle Sénologie et gynécologie de l’Institut Curie. Mais seulement un tiers des jeunes filles sont aujourd’hui vaccinées. Il faut rappeler que les études ne montrent aucun risque accru de maladie auto-immune (comme la sclérose en plaques) lié à cette vaccination.
La deuxième arme consiste à détecter des lésions précancéreuses et à les éliminer avant que des symptômes ne surviennent. Pour cela, toutes les femmes – y compris celles qui sont vaccinées, car le vaccin ne protège pas à 100 % – doivent consulter leur médecin traitant ou leur gynécologue pour réaliser un premier frottis à 25 ans, un second un an plus tard, puis un tous les trois ans jusqu’à 65 ans. Depuis que le dépistage par frottis a été instauré au début des années 1980, le nombre de cancers du col a été divisé par trois. Mais 40 % des femmes ne font pas de frottis régulièrement.
Ces deux moyens de lutte contre le cancer sont d’autant plus recommandés que l’on voit au fil des années leur efficacité, évitant à des milliers de femmes des traitements lourds. En effet, quand le cancer est diagnostiqué alors qu’il est très peu étendu [c’est le cas de la majorité des lésions diagnostiquées chez les femmes ayant pratiqué un frottis de dépistage], le traitement peut se limiter à une chirurgie. Le plus souvent, il faut procéder à une ablation de tout l’utérus. « A l’Institut Curie, où une centaine de patientes sont accueillies chaque année, nous essayons au maximum de préserver la fertilité des femmes en âge d’avoir des enfants, en ne retirant qu’une partie du col et non tout le corps de l’utérus », précise le Pr Roman Rouzier. Quand le cancer est plus avancé, il faut combiner chimiothérapie et radiothérapie, traitements de plus en plus efficaces.
La recherche se poursuit pour mieux comprendre la biologie de ces cancers. L’Institut Curie étudie notamment comment l’ADN du papillomavirus s’intègre dans la cellule, car l’endroit où il s’insère détermine l’agressivité et les capacités de métastaser de la tumeur. Mieux connaître ce mécanisme pourrait permettre de mieux suivre les patientes les plus à risque.
L’Institut Curie a également lancé l’essai clinique RAIDs, en France et dans six autres pays d’Europe. Le profil moléculaire des tumeurs de 700 femmes atteintes de cancer du col va être étudié pour, à terme, leur proposer un traitement personnalisé.
Ce 1er essai européen de médecine de précision sur les cancers du col de l’utérus entend en effet de « découvrir de nouvelles thérapies ciblées pour améliorer la prise en charge des femmes atteintes de ce cancer », rappelle le biologiste Franck Perez,
chef de l’équipe Dynamique de l’organisation intracellulaire.
Près de 3 200 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus sont diagnostiqués chaque année. Cela peut sembler peu comparé aux cancers plus fréquents comme ceux du sein ou du poumon, mais c’est encore beaucoup trop quand on sait que la plupart pourraient être évités grâce à une meilleure prévention et un frottis régulier.
Nathalie Boissière