Cancer du sein : certains soins désormais exclusivement remboursés dans les cliniques agréées
Dès ce 1er août, certaines étapes des traitements contre le cancer du sein seront remboursées exclusivement si ces soins ont été effectués dans les cliniques du sein agréées. Cette mesure a été adoptée à la suite d’une étude menée par le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE). Celle-ci révèle que les femmes prises en charge dans une clinique non agréée ont 30% de risques supplémentaires de décéder de ce cancer par rapport aux patientes qui ont été traitées dans une clinique agréée.
La carte interactive des cliniques agréées
Des chances de survie moins élevées dans un centre non agréé
Chaque année, plus de 10.000 nouveaux cas de cancer du sein sont diagnostiqués en Belgique. Il s’agit du cancer le plus fréquent dont souffrent les femmes. Preuve en est, ce tragique constat concerne une patiente sur 7 dans notre pays. En termes de qualité de traitement de cette pathologie lourde, nous nous situons au-dessus de la moyenne européenne. Cependant une étude réalisée par le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) montre que le taux de survie est bien plus élevé lorsqu’une patiente est prise en charge dans une clinique du sein agréée.
Dans ses conclusions, le KCE livre a contrario que les patientes soignées dans un centre non agréé ont 30% de risques supplémentaires de décéder à la suite d’un cancer du sein. Un chiffre sans appel qui a mené le gouvernement à adopter une mesure afin d’améliorer et de rendre plus sûr les soins prodigués. » Dans ce cas, les étapes les plus complexes du traitement contre le cancer du sein ne pourront plus avoir lieu que dans ces cliniques agréées à l’avenir. », indique le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke.
Le diagnostic, l’élaboration du plan de traitement par une équipe oncologique multidisciplinaire et la chirurgie sont les étapes visées par la mesure. Concrètement, cela signifie que l’INAMI ne remboursera ces soins que s’ils sont effectués dans ces centres agréés. L’objectif de cette disposition est de diriger les patientes vers ces cliniques du sein reconnues par l’Etat. En revanche, la chimiothérapie et la radiothérapie ne sont pas concernées, et pourront être administrées ailleurs, en synergie avec les cliniques ayant l’agrément.
C’est donc tout autant la qualité et l’expertise des traitements qui doivent être garanties pour les patientes à travers cette mesure. C’est en ce sens que le rapport du KCE souligne qu’il existe un lien avec le statut d’agrément et/ou le volume d’activité de l’établissement. Les sites hospitaliers non agréés et à faible volume pour la prise en charge affichent de moins bons résultats que les cliniques coordinatrices et/ou que les sites hospitaliers avec un volume d’activité élevé. Toujours selon l’étude menée sur 50.000 femmes atteintes d’un cancer du sein, le risque de décès associé au cancer du sein invasif est supérieur à 44% chez les patientes traitées sur les sites à faible volume d’activité (moins de 60 nouveaux diagnostics par an) en comparaison avec celles qui sont prises en charge sur les sites à volume élevé (125 diagnostics par an).
Oncologue à l’Institut Jules Bordet (HUB), Laurence Buisseret rappelle à quel point une équipe multidisciplinaire et toutes les expertises peuvent offrir des soins de santé de grandes qualités : « Il y a plusieurs types de cancers du sein avec des traitements différents par sous-type. Il y a des nouveaux traitements qui arrivent chaque année. Donc c’est de plus en plus complexe. C’est un avantage d’être toute une équipe et de réfléchir à plusieurs sur le traitement adéquat pour chaque patiente. On tient en compte les caractéristiques du cancer, et celles de la patiente. Ensemble, on va adapter le traitement à son état de santé, à toutes les spécificités pour vraiment faire du traitement sur mesure pour chaque cancer et surtout pour chaque patiente. »
L’oncologue de ce site agréé ajoute : « Chirurgien, oncologue, radiothérapeute, pathologiste, radiologue, infirmières, etc., on va revoir avec chaque regard une image pour être sûr qu’on a bien interprété le résultat. S’intéresser à la situation de la patiente avec l’équipe paramédicale. C’est très important car cela peut changer l’indication d’une chimiothérapie, ou d’un type de chirurgie. Donc cette multidisciplinarité est cruciale pour offrir le meilleur diagnostic, et donc le meilleur traitement.«
RTBF