Cancer du sein : ces 3 symptômes psychologiques sous-estimés de la maladie, selon une psychologue en oncologie
Le cancer du sein bouleverse bien plus que le corps : l’annonce, les traitements et la rémission plongent les patientes dans des tourments psychologiques profonds. Audrey Boudarham, psychologue en oncologie, nous éclaire sur ces impacts insoupçonnés et leur accompagnement essentiel.
La bataille contre le cancer du seinne se résume pas aux traitements médicaux et aux répercussions physiques : elle entraîne également des bouleversements émotionnels et psychologiques profonds qui affectent en réalité chacun des aspects de la vie des patientes. Audrey Boudarham, psychologue clinicienne et hypnothérapeute à l’Institut Français du Sein, travaille depuis vingt ans en oncologie, notamment auprès des patientes en soins palliatifs et en chimiothérapie. Elle nous livre son expertise et ses conseils à ce sujet.
L’impact psychologique du cancer du sein est souvent sous-estimé, voire négligé, par rapport aux conséquences physiques. Pourtant, il peut s’avérer presque aussi destructeur, en particulier si les patientes ne sont pas bien suivies et accompagnées. « Les gens sont sidérés dès l’annonce de la maladie. L’angoisse, l’anxiété, la peur de la mort et des symptômes dépressifs apparaissent rapidement et peuvent perdurer ou s’aggraver durant les différentes étapes du traitement », souligne l’experte. « Rien que l’anesthésie et la chirurgie sont des choses qui effraient grandement les patientes », ajoute-t-elle.
Après le choc du diagnostic, la lourdeur psychologique des traitements
Une fois le choc du diagnostic passé, les traitements, qu’il s’agisse de la chimiothérapie, de l’hormonothérapie, la radiothérapie, de la mastectomieou même de la reconstructio, entraînent eux aussi des bouleversements psychologiques majeurs pour les femmes. « Chacun réagit différemment en fonction de son histoire personnelle, » constate Audrey Boudarham. D’ailleurs, contrairement aux idées reçues, la chimiothérapie n’est pas toujours le traitement le plus difficile à supporter psychologiquement. « On parle beaucoup de la chimio, mais l’hormonothérapie peut générer des effets secondaires tout aussi dévastateurs, sans un accompagnement suffisant, » observe-t-elle.
La chirurgie, en particulier la mastectomie, peut être une épreuve difficile pour les patientes. La psychologue qualifie cette opération d’ »amputation » pour certaines, déclenchant souvent des questions profondes sur la féminité, la maternité et la sexualité. Certaines patientes, notamment celles avec un risque génétique élevé, choisissent même la mastectomie bilatérale, enlevant ainsi le sein sain pour éviter l‘angoisse de récidive. « Mieux vaut décider soi-même plutôt que de subir, » rapporte-t-elle, citant de nombreuses patientes qui préfèrent cette option pour se sentir en contrôle de leur destin.
Féminité, sexualité et maternité : l’inquiétude et la difficulté à trouver un équilibre
La perte d’un sein ou les changements corporels provoqués par le cancer peuvent faire naître un sentiment de perte de féminité. « Cela dépend si une reconstruction est réalisée ou non, » précise Audrey Boudarham. Pour certaines, la reconstruction effectuée dans la même opération que la mastectomie peut améliorer leur estime d’elles-mêmes. Mais dans une grande partie des cas, la répercussion sur la sexualité reste une question complexe et délicate. « Être en paix avec son propre corps, avant de s’inquiéter du désir de son partenaire, permet d’être plus disponible pour l’autre, » souligne-t-elle.
L’intimité au sein du couple peut effectivement être affectée par les traitements et les cicatrices visibles, qui provoquentune baisse de libido inévitable. « Les patientes évoquent souvent un décalage avec leur partenaire, qui peut les regarder avec amour, tandis qu’elles-mêmes hésitent à se toucher ou à se regarder dans le miroir, » rapporte la spécialiste. Elle conseille aux couples de privilégier le dialogue et de respecter l’évolution de chacun face à la maladie. « Il faut s’écouter, respecter son rythme et ses besoins. Ce n’est pas le conjoint que l’on rejette, mais parfois son propre corps. »
Pour les patientes qui sont mamans, la maladie soulève des questions supplémentaires. « Les mères s’inquiètent surtout pour leurs enfants, particulièrement pour les filles en cas de risque génétique », indique la psychologue. Selon elle, elles angoissent surtout à l’idée que la maladie les empêche d’être suffisamment présentes pour leurs enfants. Audrey Boudarham encourage donc les mères à passer du temps de qualité avec leurs enfants, en insistant sur la disponibilité psychologique et l’écoute des émotions. « Les enfants sont très adaptables, mais il est important qu’ils aient la possibilité de parler, d’exprimer leurs peurs et de ne pas porter un poids de culpabilité. » Surtout, retenez que, ce qui compte, ce n’est pas la quantité mais la qualité du temps que vous passez avec eux.
La rémission, ou la fausse réjouissance
La période de rémission, souvent perçue comme une libération par l’entourage, est en réalité une étape psychologiquement difficile pour beaucoup de patientes. « Les proches et collègues se réjouissent, mais les patientes ressentent souvent une grande solitude », confie Audrey Boudarham. Reprendre le travail, retrouver une vie intime, gérer son poids fluctuant et les douleurs qui persistent, sont autant de défis qui demandent un accompagnement. « C’est souvent après la bataille que l’on s’effondre », constate-t-elle. Un soutien psychologique reste donc essentiel à ce stade pour aider les patientes à reconstruire leur vie en tenant compte de leurs nouvelles priorités.
Le suivi psychologique n’est pas automatique pour les patientes atteintes d’un cancer du sein, et Audrey Boudarham milite pour un accompagnement plus accessible. « Chaque patiente devrait pouvoir consulter un professionnel quand elle en ressent le besoin, à n’importe quel moment », affirme-t-elle, déplorant le manque de ressources dans les hôpitaux. « Il faut encourager ce qui est mis en place pour développer des outils dans l’accompagnement pendant les soins et après les soins », insiste-t-elle. Car pour Audrey Boudarham, le cancer du sein peut aussi offrir, s’il est bien pris en charge psychologiquement, une opportunité de redéfinir sa vie. « Les patientes découvrent souvent une nouvelle façon de voir la vie. La conscience de la mort redonne de la valeur au temps. Cela permet de se recentrer sur ses priorités et de refuser certaines choses que l’on tolérait avant mais que l’on ne veut plus », conclut-elle.
La bataille contre le cancer du seinne se résume pas aux traitements médicaux et aux répercussions physiques : elle entraîne également des bouleversements émotionnels et psychologiques profonds qui affectent en réalité chacun des aspects de la vie des patientes. Audrey Boudarham, psychologue clinicienne et hypnothérapeute à l’Institut Français du Sein, travaille depuis vingt ans en oncologie, notamment auprès des patientes en soins palliatifs et en chimiothérapie. Elle nous livre son expertise et ses conseils à ce sujet.
L’impact psychologique du cancer du sein est souvent sous-estimé, voire négligé, par rapport aux conséquences physiques. Pourtant, il peut s’avérer presque aussi destructeur, en particulier si les patientes ne sont pas bien suivies et accompagnées. « Les gens sont sidérés dès l’annonce de la maladie. L’angoisse, l’anxiété, la peur de la mort et des symptômes dépressifs apparaissent rapidement et peuvent perdurer ou s’aggraver durant les différentes étapes du traitement », souligne l’experte. « Rien que l’anesthésie et la chirurgie sont des choses qui effraient grandement les patientes », ajoute-t-elle.
Après le choc du diagnostic, la lourdeur psychologique des traitements
Une fois le choc du diagnostic passé, les traitements, qu’il s’agisse de la chimiothérapie, de l’hormonothérapie, la radiothérapie, de la mastectomieou même de la reconstruction, entraînent eux aussi des bouleversements psychologiques majeurs pour les femmes. « Chacun réagit différemment en fonction de son histoire personnelle, » constate Audrey Boudarham. D’ailleurs, contrairement aux idées reçues, la chimiothérapie n’est pas toujours le traitement le plus difficile à supporter psychologiquement. « On parle beaucoup de la chimio, mais l’hormonothérapie peut générer des effets secondaires tout aussi dévastateurs, sans un accompagnement suffisant, » observe-t-elle.
La chirurgie, en particulier la mastectomie, peut être une épreuve difficile pour les patientes. La psychologue qualifie cette opération d’ »amputation » pour certaines, déclenchant souvent des questions profondes sur la féminité, la maternité et la sexualité. Certaines patientes, notamment celles avec un risque génétique élevé, choisissent même la mastectomie bilatérale, enlevant ainsi le sein sain pour éviter l‘angoisse de récidive. « Mieux vaut décider soi-même plutôt que de subir, » rapporte-t-elle, citant de nombreuses patientes qui préfèrent cette option pour se sentir en contrôle de leur destin.
Joséphine de Rubercy