CANCER : L’aspirine permet-elle de réduire le risque héréditaire ?
C’est un nouveau bénéfice associé à l’aspirine, par cette équipe de l’Université de Newcastle, qui publie dans le Lancet, les résultats de l’essai international – connu sous le nom de CAPP2. L’essai a impliqué des patients atteints du syndrome de Lynch du monde entier et a révélé que 2 aspirines par jour, pendant une moyenne de deux ans et demi, permettent de réduire de moitié le taux de cancer de l’intestin (ou colorectal).
Le syndrome de lynch est caractérisé par une susceptibilité génétique de développer plusieurs types de cancers dont le cancer colorectal (mais aussi de l’endomètre, de l’ovaire, de l’estomac, de l’intestin grêle, du foie, de l’appareil urinaire supérieur, de l’utérus, du cerveau et de la peau). Ce syndrome touche environ 1 personne sur 200 en population générale. Ce groupe de patients constitue ainsi un échantillon représentatif du risque héréditaire élevé de différents cancers.
Chez ces personnes à forte susceptibilité génétique, une dose régulière d’aspirine prévient le risque de cancer de l’intestin
et cela au moins 10 ans après l’arrêt du traitement.
L’équipe des universités de Newcastle et de Leeds a mené cet essai en double aveugle sur 10 ans auprès de 861 patients atteints du syndrome de Lynch. 427 participants ont pris de l’aspirine de façon continue pendant 2 ans et 434 un placebo.
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Chez les participants ayant reçu 2 aspirines par jour (600 mg), le risque de cancer colorectal est réduit de 43% ;
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chez les 163 patients ayant un syndrome de Lynch et ayant développé un cancer, l’aspirine a permis tout de même de réduire le risque global de cancer de 24% et jusqu’à 37% chez ceux qui ont pris de l’aspirine pendant 2 années complètes.
Ainsi, l’aspirine peut réellement réduire le risque de cancer chez les personnes ayant une prédisposition génétique- plus ou moins marquée : alors que les patients atteints du syndrome de Lynch sont à risque élevé, les résultats suggèrent que l’ensemble des personnes à risque génétique élevé (et pas seulement les patients diagnostiqués avec le syndrome de Lynch) pourraient bénéficier d’une prise continue d’aspirine, très probablement « à petites doses » : L’essai CAPP2 devra confirmer cette hypothèse.
Enfin, les auteurs constatent que :
« l’aspirine a un effet préventif majeur sur le cancer, mais cela ne devient apparent qu’au moins 4 ans plus tard ».
Ensuite, les chercheurs rappellent qu’il est impérativement nécessaire de consulter, avant de prendre de l’aspirine régulièrement car l’aspirine est connue pour entraîner un risque de troubles gastriques, notamment des ulcères et des saignements.
L’équipe dirige maintenant un nouvel essai international, CaPP3, avec plus de 1.800 participants atteints du syndrome de Lynch pour vérifier que des doses d’aspirine plus faibles et plus sûres peuvent contribuer à réduire le risque de cancer.
publiée il y a 4 jours
The Lancet