Cancer : l’empathie du médecin améliore la santé de son patient
Une étude publiée dans le journal Psycho-Oncology fin janvier montre que l’empathie[1] des médecins est associée à la santé physique et psychique des patients souffrant de cancer[2].
Les bénéfices de l’empathie
« Nous avons beaucoup de données sur d’autres pathologies que le cancer qui montrent que l’empathie est associée à la santé physique et psychique des patients. Notamment en diabétologie, nous constatons que les patients traités par un médecin empathique ont moins de complications graves et une meilleure gestion de leur diabète au niveau émotionnel mais aussi biologique », explique Sophie Lelorain, professeur associée en psychologie de la santé à l’université de Lausanne et auteur de l’étude.
En oncologie, l’empathie du médecin s’associe « fortement » avec la santé physique et psychique des patients, qu’on appelle les « patient outcomes », précise-t-elle : « moins d’anxiété, moins de dépression, plus de satisfaction concernant les soins, un système immunitaire qui fonctionne mieux, moins de complications chirurgicales… ». Cela joue aussi sur « le fait que le patient reçoive le traitement adapté à son cancer ».
La nécessité d’une juste relation
Ce qui compte est l’empathie perçue par le patient, relève l’étude. Et l’impact de l’empathie est hétérogène. En effet, « l’effet de l’empathie est plus fort lors des mauvaises nouvelles, notamment l’annonce du diagnostic de cancer, de la récidive ou de l’entrée en soins palliatifs ».
En outre, la méta-analyse a révélé que « trop d’empathie peut aussi avoir un effet négatif ». Ainsi, « dans les consultations de mauvaises nouvelles, les processus émotionnels et relationnels d’empathie prédisent un risque de décès plus élevé », montre une étude menée en oncologie et publiée dans le Journal of Clinical Medicine en 2018. Car « quand le médecin témoigne tout à coup d’une sensibilité extrême, il envoie au patient le message que sa situation est inquiétante », ce qui indique que l’empathie dont fait preuve le médecin doit être constante. Sophie Lelorain recommande à ce sujet de sensibiliser les médecins « dès leur formation initiale ».
A l’heure de la promotion de la télémédecine, et du risque que fait courir la possible légalisation de l’euthanasie à la relation entre le soignant et son patient, l’empathie pourrait-elle retrouver toute sa place ?
[1] La définition de l’empathie recouvre trois aspects :
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« la façon dont les médecins établissent une bonne relation avec le patient en le mettant à l’aise, en l’écoutant activement et en lui accordant toute leur attention ;
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le processus émotionnel par la façon dont les médecins démontrent un véritable intérêt et une pleine compréhension du patient ;
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le processus cognitif par la façon dont les médecins sont positifs tout en restant honnêtes, expliquent clairement les choses, aident le patient à prendre le contrôle et à établir avec eux un plan d’action. »
Genetique