Entamer une conversation autour du cancer n’est ni simple ni agréable. Mais lorsqu’une telle discussion s’entame, mieux vaut savoir ce qu’il faut ou ne faut pas dire à son interlocuteur, afin de ne pas rendre encore plus difficile, la situation.
Statistiquement, une personne sur deux développera, dans sa vie, un cancer. Sujet particulièrement sensible, bouleversant et émouvant, aussi bien pour la personne qui en est atteinte que pour son entourage, les conversations ne sont jamais simples.
Que dire ? Que taire ? Dans une telle situation, afin d’aider à progresser dans le dialogue autour de la maladie, certains personnes ayant vécu ou vivant actuellement avec, ont présenté leurs réponses à ces questions.
Les mots qui dépriment
« Je suis tellement désolé, c’est tellement horrible. Quelle chose horrible qui t’arrive ! ». Ces mots, c’est ceux que Alice, avocate, ayant reçu un diagnostic de cancer du col de l’utérus à 32 ans, a entendu. « Une partie de la façon dont mes amis m’en parlaient était très déprimante » confiait-elle au journal Metro. « J’ai eu des appels téléphoniques avec plusieurs de mes amis et c’était comme s’ils pensaient que j’allais mourir dans les prochaines semaines » ajoutait-elle. Alice a, évidemment, déjà ces idées en tête lorsque le diagnostic tombe… Elle précisait « C’était vraiment difficile à gérer ».
La question de la force
Autre phrase classique, se voulant, évidemment, bienveillante : « Tu es si fort. Tu peux combattre ce cancer et y survivre ». Selon Alice, cette phrase est très délicate « Peu importe votre force, vous pouvez toujours mourir d’un cancer » affirmait-elle. « Votre force n’a aucune incidence sur la façon dont vous allez vous débrouiller physiquement avec la maladie » déclarait-elle.
Le cancer, un cadeau ?
Dans le même genre, une autre phrase est régulièrement prononcée « Tu as traversé tellement de choses, ça a vraiment dû être un tel cadeau. Tu as sûrement dû apprendre des choses sur toi-même ». Là encore, Alice expliquait que ce stéréotype linguistique faisait partie des phrases à ne pas prononcer. Elle-même en a fait l’expérience alors qu’elle se remettait d’une hystérectomie totale, soit l’ablation chirurgicale de l’utérus, du col de l’utérus, des ovaires, des trompes de Fallope et d’autres structures environnantes. « La réponse était « Non, ce n’était pas un « cadeau » » » s’exaspérait-elle. « Je donnerais tout ce que j’ai maintenant pour ne pas avoir de cancer. Pas une seule partie de mon être pense qu’il y a eu des avantages » ajoutait-elle.
Proposer de l’aide
Sheetal, elle, a reçu un diagnostic de cancer du sein de stade 1 en octobre 2018 à l’âge de 50 ans. Pour elle, les meilleures choses à entendre ne sont pas des paroles spécifiques mais contiennent plutôt des actes. « J’aimerai t’apporter un dîner demain. Quel est ton plat réconfortant préféré ? Ou « J’adorerai promener ton chien le matin ». Ou même « Je peux venir te faire le ménage samedi. Dis-moi quelle heure te convient » suggérait-elle. Évidemment, précisait-elle, il est important de proposer une aide qui est en mesure d’être offerte ! Car rien de pire que de se désister ensuite.
Éviter l’emploi du « Nous »
Sheetal et Alice sont aussi d’accord sur un point : éviter l’emploi du « nous ». Une des amies d’Alice avait formulé les choses de cette façon en se référant à la chirurgie et les traitements. « Je revoyais certains messages l’autre jour et nous parlions de chimiothérapie et elle m’avait dit « Nous lui botterons tôt les fesses donc la chimio ne sera peut-être pas nécessaire » » relatait-elle. Plus tard, dans la même conversation, elle insistait, sur le nous, écrivant « Je suis toujours convaincue que nous l’avons attrapé tôt » ». Alice, l’affirme, dire « nous », ne fait pas se sentir moins seul…
Reconnaitre son désarroi
Dernière chose à ne pas oublier, admettre qu’on ne sait pas quoi dire face à une telle annonce. « Il vaut mieux être honnête plutôt que de forcer quelque chose de pas sincère. De plus, la personne que vous connaissez pourra faire la lumière sur les sujets qu’elle veut ou non aborder, ce qui vous aidera pour de futures conversations » concluait Sheetal.