Efficace, mais coûteux, le dépistage du cancer du poumon se fait attendre
« On n’arrive pas à avancer. On recule, même », grince le Pr Jésus Gonzalez président de la SPLF, la société savante de pneumologie francophone. En 2022, la Haute autorité de santé avait recommandé la mise en place d’expérimentations. Fin 2023, le ministère a réclamé de nouveaux projets de recherche clinique démontrant l’efficacité du dispositif en France. Ce qui peut être long : « Nous sommes en attente d’arbitrages politiques pour accélérer. »
« Scientifiquement, le bénéfice majeur est démontré, s’agace le médecin. Deux grandes études, neerlando-belge et américaine (Nelson et NLST) montrent une réduction de la mortalité de 20 %. » En France, la grande majorité des cancers du poumon sont découverts à un stade métastatique. Ce qui diminue fortement la chance de guérison, et, argumentent également les médecins, coûte très cher. Avec des traitements relativement efficaces mais d’un prix exorbitant.
Les personnes ciblées par un dépistage organisé auraient a priori un âge compris entre 50 et 75 ans, et auraient été fumeurs d’au moins 20 paquets par an. « Il est préférable qu’elles aient arrêté de fumer. Il est plus difficile d’interpréter les scanners des gens qui fument encore. » Le dépistage consisterait en un scanner de basse intensité, répété tous les un ou deux ans, pouvant être prescrit par le médecin traitant(comme dans une expérimentation menée dans la Somme entre 2018 et 2020).
« Nous comprenons que les autorités ne veulent pas reproduire un échec comme celui du dépistage du cancer du colon », mais les pneumologues se disent persuadés que ce dépistage susciterait une meilleure adhésion. D’autant qu’il aurait d’autres bénéfices, permettant par le même examen de dépister des BPCO (broncho-pneumopathie obstructive) ou des maladies coronariennes.
Ouest France