Faire prendre conscience des dangers du tabac
Date de dernière mise à jour : 06/10/2016
Le tabac est responsable de 47 000 décès par cancers, soit un quart des décès par cancers recensés, chaque année en France. Ne pas commencer à fumer, ou s’arrêter, constitue la meilleure stratégie pour réduire son risque individuel de cancer.
Votre rôle est important pour faire prendre conscience à vos patients des dangers du tabac et leur recommander le sevrage tabagique.
- Le premier facteur de risque de cancers
- Les différents modes de consommation
- Le tabagisme passif
- Le sevrage tabagique, toujours bénéfique
- Zoom sur la cigarette électronique
L’année 2014 semblait refléter les premiers signes d’une tendance à la baisse du nombre de fumeurs réguliers en France, même si la prévalence reste élevée : 28,2 % des Français. Cette consommation reste largement supérieure à celle de nombreux autres pays occidentaux.
Le premier facteur de risque de cancers
Première cause de mortalité évitable, le tabagisme actif est considéré comme responsable de 78 000 décès prématurés chaque année en France, dont 47 000 estimés à la suite d’un cancer (Ribassin-Majed, 2015). Il provoque plus de 8 cancers du poumon sur 10, près de 70 % des cancers des voies aérodigestives supérieures (bouche, larynx, pharynx, œsophage), 50 % des cancers de la vessie et 30 % des cancers du pancréas. Il est aussi impliqué dans les cancers des voies urinaires et du rein, du col de l’utérus, de l’estomac, des ovaires, du colon et du rectum, ainsi que dans les leucémies myéloïdes. Il pourrait également être en cause dans l’apparition de cancers du sein. Au total, 17 localisations cancéreuses différentes peuvent y être attribuées.
En cause : 70 substances chimiques reconnues comme cancérigènes sur les 7 000 contenues dans la fumée de tabac : benzène, arsenic, chrome, goudrons… (Surgeon General Report, 2014).
La nicotine, en revanche, est addictogène mais non cancérigène.
Les différents modes de consommation
La cigarette manufacturée est le mode de consommation du tabac le plus habituel mais il en existe d’autres, qui peuvent donner la fausse impression de fumer en encourant des risques moindres :
- la chicha : elle accroît fortement les risques de cancer du poumon, des lèvres, de la vessie et des VADS. La fumée de chicha libère près de 4 000 substances chimiques, dont plusieurs sont cancérigènes. Une étude a montré qu’un gramme de tabac à chicha libérait 24 à 80 mg de goudrons, contre un gramme au plus pour une cigarette manufacturée ;
- le tabac à chiquer ou à priser : le CIRC le classe comme cancérigène certain pour l’Homme, au même titre que les autres produits du tabac. Parmi les 2 000 substances chimiques qu’il contient, 28 ont été identifiées comme cancérigènes, en particulier les nitrosamines, susceptibles de jouer un rôle important dans le développement du cancer buccal et du cancer du pancréas ;
- le cannabis (joint) : un joint est le plus souvent composé d’un mélange de tabac et de cannabis. La fumée en est beaucoup plus toxique que celle du tabac seul. La consommation de joints fait inhaler six à sept fois plus de goudrons et de monoxyde de carbone que celle de cigarettes. Le risque de cancer du poumon serait multiplié par 5,7 chez les forts utilisateurs par rapport à des non-consommateurs.
Le tabagisme passif
Le tabagisme passif est défini comme l’exposition à la fumée de tabac dans son environnement. Même s’ils sont moins élevés que pour le fumeur actif, ses dangers sont prouvés et largement reconnus : chaque année en France, près de 1 100 décès seraient liés au tabagisme passif, dont 150 par cancer du poumon. Les enfants de fumeurs y sont particulièrement exposés.
Le Baromètre santé 2014 a fait état d’une légère diminution de l’exposition passive au tabac de non-fumeurs à leur domicile : 15,6 % des personnes interrogées disent en faire l’objet, contre 19,4 % en 2010. En revanche, cette exposition passive reste stable chez les fumeurs.
Le sevrage tabagique, toujours bénéfique
Il existe toujours un bénéfice à l’arrêt du tabac, quels que soient l’âge du patient, la durée et l’importance de sa consommation de tabac. Ce gain s’avère d’autant plus important que le sevrage tabagique intervient tôt. Une étude a ainsi estimé, en moyenne, le gain d’espérance de vie à 3 ans chez un fumeur s’arrêtant à 60 ans ; ce gain atteint 6 ans si l’arrêt a lieu à l’âge de 50 ans, 9 ans à 40 ans et serait proche de celui des non-fumeurs avant 35 ans (Peto et al, 2004).
Le CIRC a montré par ailleurs qu’un bénéfice significatif de l’arrêt du tabac, augmentant avec la durée de l’abstinence, a été observé pour tous les cancers majeurs associés au tabagisme. Toutefois, il n’atteint qu’à titre exceptionnel le niveau de risque des personnes n’ayant jamais fumé.
Enfin, l’arrêt du tabac après un cancer du poumon améliore le pronostic de survie à 5 ans et la qualité de vie. Il réduit aussi le risque de récidive et celui de développer un second cancer primitif.
Zoom sur la cigarette électronique
La cigarette électronique connaît un fort développement : 6 % des Français (8 % parmi les 25-34 ans) l’utilisent de façon quotidienne. Le léger recul de la prévalence de fumeurs en France observé en 2014 pourrait ainsi s’expliquer en partie par l’utilisation de la « e-cigarette », ainsi que par la forte hausse des prix des produits du tabac.
L’e-cigarette n’est pas considérée actuellement comme un outil d’aide au sevrage tabagique car son efficacité et son innocuité n’ont pas été suffisamment évaluées à ce jour. Néanmoins, le Haut Conseil de santé public (HCSP) a récemment estimé dans un rapport qu’elle peut constituer une aide pour arrêter ou réduire sa consommation de tabac. Par ailleurs, la Haute Autorité de santé (HAS) considère que, du fait de sa toxicité beaucoup moins forte qu’une cigarette, son utilisation chez un fumeur qui a commencé à vapoter et qui souhaite s’arrêter de fumer ne doit pas être découragée.