Il assurait guérir le cancer par des purges : ce « naturopathe » condamné continue à exercer illégalement
Une enquête menée par France Info sur Miguel Barthéléry, naturopathe condamné pour pratique illégale de la médecine, révèle que l’homme continue à consulter via des messageries cryptées. Avec deux décès involontaires à son actif (au moins), comment est-ce possible ? La réaction du Dr Gérald Kierzek, directeur médical de Doctissimo.
Il prétendait guérir le cancer par l’absorption de légumes crus et une bonne détox du foie. Miguel Barthéléry, naturopathe controversé, condamné le 1er juin dernier pour « exercice illégal de la médecine » et « usurpation du titre de médecin » ne devait plus voir de patients. Suspecté d’avoir indirectement provoqué la mort de plusieurs personnes malades, le praticien poursuivrait toutefois ses dangereuses recommandations via Whatsapp, comme le révélait il y a quelques jours une équipe d’investigation de France info.
Des rendez-vous fixés à distance, sans aucune analyse
Franceinfo a ainsi infiltré ces derniers mois la patientèle de Miguel Barthéléry. “Prétextant une tumeur avancée de la prostate diagnostiquée en hôpital, franceinfo a consulté à trois reprises le naturopathe de mars 2023 à janvier 2024, soit plusieurs mois après l’échec de son pourvoi en cassation” précise le média. Des rendez-vous fixés par téléphone, ou par WhatsApp, avec son secrétariat particulier, l’homme ayant été rayé des rendez-vous sur Doctolib. A chaque consultation, le journaliste infiltré évoque des symptômes imaginaires et sa peur d’aller à l’hôpital. Des propos que ne contredit jamais le naturopathe, allant jusqu’à affirmer se passer d’analyses pour établir son diagnostic. “A aucun moment, Miguel Barthéléry ne nous demande la copie de nos examens médicaux (radio, scanner, compte-rendus). Mieux, il nous explique plusieurs fois ne pas avoir besoin de notre dosage sanguin de PSA, l’antigène prostatique spécifique qui permet aux médecins de mesurer la progression du cancer de la prostate” écrit l’équipe. En revanche, chaque consultation sera bien facturée 100 euros par Paypal. Plus que dans un parcours de soins, et sans aucune prise en charge.
« Votre corps va éliminer le cancer tout seul »
Malgré les condamnations, le plan du pseudo thérapeute ne change pas. Dès la première consultation, Miguel Barthéléry fournit au journaliste une « procédure de « nettoyage du foie » qui inclut des monodiètes de jus de légumes et de fruits, des phases de jeûnes hydriques ou secs, des purges avec une prise de laxatif en fonction des cycles de la Lune”.
Comble de la désinformation, le praticien l’affirme, son but n’est pas de soulager la douleur ou d’accompagner un traitement, mais bien de laisser le corps éliminer le cancer, sans aucun traitement. “Si votre corps est assez vigoureux pour faire ça, ça durera une petite semaine et votre corps, il va résorber ça [la tumeur] tout seul, de l’intérieur, et voilà ». Un discours profondément dangereux qui a mené au décès de plusieurs patients malades affaiblis par ce plan drastique.
Que deviennent les condamnations des thérapeutes véreux?
Consulté sur le sujet, le Dr Gérald Kierzek, directeur médical de Doctissimo s’insurge contre un système qui manque de vitesse et de fermeté pour protéger les patients.
“Autant, je suis très ouvert sur une médecine complémentaire qui peut accompagner les patients “en complément” donc. Autant une pseudo médecine qui propose d’agir “à la place” d’un traitement et affirme pouvoir éviter de voir un cancérologue est d’une dangerosité sans nom ».
Notre expert s’interroge : « Que devient sa condamnation, puisque l’homme a été sanctionné et qu’il ne devait plus être accessible ? Et quelle est la place et la responsabilité des plateformes de rendez-vous, qui dans certains cas laissent une visibilité de ces charlatans en ligne (ce qui n’est plus le cas de Miguel Barthéléry)? Prétendre soigner le cancer par une détox du foie, c’est tout simplement dangereux et sectaire. Et quand c’est dangereux et sectaire il faut que ces gens là soient sortis du circuit ».
De la difficulté à faire le tri entre les praticiens et les gourous
La tâche ne semble pourtant pas si simple du côté des plateformes, ni même du gouvernement. Si Doctolib par exemple à bien supprimé 5700 praticiens de ses listes (des magnétiseurs, iridologues, naturopathes…) un article du Parisien, évoquait le 30 janvier dernier que de nombreux praticiens continuent de proposer des techniques sans aucune validation scientifique sur la plateforme.
Doctissimo