“La plus grande avancée depuis plus de 20 ans” : cette approche expérimentale contre le cancer du col de l’utérus réduirait de 40 % le risque de décès
Pour la première fois depuis 20 ans, des chercheurs proposent une nouvelle approche thérapeutique dans le traitement du cancer du col de l’utérus.
C’est le quatrième cancer le plus courant chez la femme dans le monde : le cancer du col de l’utérus. Ce dernier est “causé par une infection persistante par le virus du papillome humain (HPV)”, explique l’Organisation mondiale de la Santé. Pour le prévenir, l’OMS recommande la vaccination prophylactique contre le HPV, de même que le dépistage et le traitement des lésions précancéreuses. Certains symptômes peuvent aider à la repérer, comme des saignements inhabituels entre les règles, des pertes vaginales plus importantes ou encore une perte de poids.
Pour les malades, “une chimiothérapie peut être prescrite avant et/ou après un traitement par chirurgie ou par radiothérapie”, précise l’Assurance Maladie. Mais une nouvelle voie thérapeutique présente des résultats prometteurs.
En effet, des chercheurs du Cancer Research UK disent avoir “réalisé la plus grande amélioration dans le traitement du cancer du col de l’utérus depuis plus de 20 ans”. Selon eux, cela permettrait de réduire le risque de décès de 40 %. En ce qui concerne le risque de récidive ou de rechute, il diminuerait de 35 %. Leurs résultats sont publiés dans la revue The Lancet.
Cancer du col de l’utérus : une chimiothérapie avant le traitement réduirait de 35% le risque de récidive
Ces résultats sont le fruit de l’essai INTERLACE, un essai de phase 3 réalisé dans 32 centres médicaux dans différents pays comme le Brésil, l’Inde, l’Italie, le Mexique et le Royaume-Uni. Il portait sur 500 femmes qui ont reçu, de manière aléatoire, le nouveau schéma thérapeutique ou le traitement “standard”. Les chercheurs précisent qu’aucune tumeur ne s’était propagée à d’autres organes.
Pour rappel, depuis 1999, les médecins “traitent la maladie par chimioradiothérapie (CRT), une combinaison de chimiothérapie et de radiothérapie”, rappellent les chercheurs. Ce nouveau protocole ajoute une courte période de chimiothérapie, que l’on connaît sous le terme de chimiothérapie d’induction, avant le traitement standard. Pendant 6 semaines, les patientes recevaient cette chimiothérapie d’induction à base de carboplatine et de paclitaxel, deux traitements souvent utilisés en cancérologie.
Après 5 ans, le taux de survie des patients ayant reçu une chimiothérapie d’induction suivie du traitement standard était de 80%. De plus, 73 % n’avaient pas vu leur cancer réapparaître ou se propager. En revanche, chez les personnes n’ayant reçu que le traitement habituel, le taux de survie était de 72% et 64 % n’avaient pas vu leur cancer réapparaître ou se propager.
Parmi les axes de satisfaction, les chercheurs notent que “les deux médicaments de chimiothérapie utilisés pour le traitement d’induction sont bon marché, facilement accessibles et déjà approuvés”.
Si elle est approuvée, cette méthode « peut être administrée rapidement »
“Le timing est primordial dans le traitement du cancer”, souligne dans un communiqué le Dr Iain Foulkes, directeur exécutif de la recherche et de l’innovation chez Cancer Research UK. Ce dernier constate que “le simple fait d’ajouter une chimiothérapie d’induction au début du traitement de radiochimiothérapie du cancer du col de l’utérus a donné des résultats remarquables dans cet essai”. Selon lui, cette approche “peut réduire les risques de récidive du cancer, mais cela peut être administré rapidement à l’aide de médicaments déjà disponibles dans le monde entier”.
De son côté, le Dr Mary McCormack, chercheuse principale de l’essai au sein de l’Institut du cancer de l’University College London et de l’hôpital de l’University College London, estime qu’il “s’agit de la plus grande amélioration de l’issue de cette maladie depuis plus de 20 ans”.
Dans leurs conclusions, les chercheurs précisent que cette approche doit encore être testée dans la conception de futurs essais, notamment dans le cas de cancer du col de l’utérus à un stade plus avancé.
Sources :
- Induction chemotherapy followed by standard chemoradiotherapy versus standard chemoradiotherapy alone in patients with locally advanced cervical cancer (GCIG INTERLACE): an international, multicentre, randomised phase 3 trial – The Lancet – 14/10/2024
- Cervical cancer treatment breakthrough cuts risk of death by 40% – Cancer Research UK – 14/10/2024
- Cancer du col de l’utérus – OMS
- Cancer du col de l’utérus – Assurance mala