La conisation, pour prévenir le cancer du col de l’utérus

La conisation, pour prévenir le cancer du col de l’utérus

La conisation est une intervention préventive bénigne qui consiste à ôter chirurgicalement une partie du col de l’utérus. Objectif : retirer des lésions, les dysplasies cervicales, pouvant, de façon non systématique et après plusieurs années, évoluer vers un cancer du col de l’utérus. Focus sur les indications, le déroulement et les suites de l’intervention.

La conisation est proposée lorsque des modifications cellulaires du col de l’utérus, des dysplasies, ont été diagnostiquées par frottis du col utérin et confirmées par une colposcopie et une biopsie. L’objectif est d’enlever ces lésions, induites par la présence d’un virus appelé Human Papilloma Virus (HPV), avant qu’elles n’évoluent vers un cancer du col de l’utérus.

La suppression des dysplasies par prévention

Les dysplasies sont classées en CIN (pour « Cervical intraepithelial neoplasia », ou néoplasies cervicales intra-épithéliales) de grade I, II, III en fonction de leur potentiel évolutif.

  • Les dysplasies légères (CIN I), dites de bas grade, de découverte récente, ne doivent pas être traitées et sont simplement surveillées par le gynécologue. La plupart régressent spontanément ou ne bougent pas, 10 % environ évoluent en lésions précancéreuses.
  • Les dysplasies modérée et sévères (CIN II et III), dites de haut grade, sont aussi qualifiées de lésions précancéreuses. Elles peuvent également disparaître ou ne jamais évoluer, en particulier chez les femmes les plus jeunes. Cependant, 5 à 12 % d’entre elles dégénéreront en cancer invasif après 10 à 15 ans d’évolution.

Traitement cancer du col de l’utérus

La conisation vise à ôter préventivement les dysplasies modérée et sévères en prévention de leur potentiel évolution cancéreuse.

La conisation, une intervention bénigne

L’intervention est réalisée par un chirurgien dans un bloc opératoire. Elle dure entre vingt et trente minutes. La patiente est allongée en position dite « gynécologique », c’est à dire allongée, les jambes remontées et écartées. Le chirurgien est situé entre ses jambes en position assise. La patiente est sous anesthésie locale ou locorégionale, voire générale selon le chirurgien.

La conisation s’effectue par la voie vaginale. Le chirurgien accède au col de l’utérus grâce à un spéculum, il visualise la ou les lésions par colposcopie et adapte son geste à l’image. Il retire les lésions à l’aide d’un d’un bistouri ou d’un laser.

La conisation relève de la chirurgie ambulatoire. Cela signifie que la patiente peut repartir chez elle seulement quelques heures après cette intervention à condition d’être accompagnée.

« Dans d’autres pays, comme en Angleterre ou en Irlande, la conisation est réalisée en consultation, sous anesthésie locale, précise le Dr Carcopino, gynécologue obstétricien, membre de la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV). C’est une intervention bénigne. »

L’analyse cytopathologique des dysplasies

La portion de col retirée, ou biopsie opératoire, est examinée au microscope par un cytopathologiste qui s’intéresse à la lésion et à sa périphérie.Lorsque les dysplasies ont été ôtées dans leur totalité, les marges ou berges sont dites saines.

Le Dr Carcopino remarque : « Dans le cas contraire, aucune reprise chirurgicale n’est a priori indiquée. L’intervention est de plus en plus rarement réitérée, toujours pour préserver le col utérin. La plupart du temps, l’organisme parvient à éliminer le tissu lésé qui pourrait avoir été laissé en place. Dans moins de 1 % des cas, l’analyse cytopathologique met en évidence une lésion cancéreuse qui n’avait pas été suspectée. Cette découverte permet de débuter rapidement un traitement, ce qui est favorable au pronostic. »

A quoi faire attention après l’opération ?

Les suites de la conisation sont généralement peu douloureuses : la partie externe du col de l’utérus est peu innervée. Mais, le médecin peut tout de même vous prescrire des antidouleurs au moment de votre sortie.

Le col est en revanche particulièrement vascularisé. Au cours des deux premières semaines suivant la conisation, il est courant de voir apparaître des pertes colorées ou un peu de sang. Toute douleur ou tout saignement important doit en revanche être signalé.

Pendant quatre à six semaines, il est également conseillé d’éviter les rapports sexuels, le port de tampons périodiques, les activités physiques intenses, les bains et la piscine, les longs déplacements… Tout ce qui risque de ralentir la cicatrisation et de provoquer des saignements.

Quel suivi post-opération ?

Les résultats de l’analyse cytopathologiques sont communiquées à la patiente environ une semaine après l’intervention par son chirurgien.

Trois à six mois après l’intervention, une consultation de contrôle avec le chirurgien permet notamment de vérifier l’absence de lésion et la bonne cicatrisation du col. Parfois, la conisation provoque une sténose (rétrécissement) de l’orifice du col pouvant gêner la surveillance et qu’il convient de traiter

Les consultations suivantes ont lieu à un rythme plus ou moins rapproché (environ tous les six ans les deux premières années, puis tous les deux ans ensuite) mais le suivi doit être maintenu. « Les femmes qui ont déjà subi une conisation sont plus à risques d’avoir de nouvelles lésions, prévient le Dr Carcopino. Dans 3 à 5 % des cas lorsque les marges sont saines, 15 à 20 % lorsqu’elles ne le sont pas. C’est une question d’équilibre entre la virulence du HPV impliqué et la capacité de l’organisme à s’en protéger. »

Depuis le 15 octobre 2019, le frottis n’est plus indiqué pour le suivi des femmes traitées par conisation pour des lésions de haut grade. Il est remplacé par la réalisation d’un test HPVsix mois après l’opération. Ce test de surveillance doit être réalisé tous les 3 ans.

Quels sont les avantages et les inconvénients liés à cette opération ?

L’opération permet de prévenir le risque de développer un cancer du col de l’utérus. Mais, elle présente également certains risques de complications.

  • La principale complication est le risque d’hémorragie qui peut survenir pendant l’intervention ou dans les 10 jours qui suivent.
  • Durant l’opération, dans de très rares cas, il peut y avoir une lésion de la vessie ou du gros intestin.
  • Une infection peut survenir dans les jours suivant l’opération et nécessiter un traitement antibiotique.
  • Un rétrécissement du col (sténose) est également possible.

Un risque d’accouchement prématuré augmenté

La conisation ne semble pas modifier la fertilité. Les femmes opérées ont en revanche deux à trois fois plus de risques d’accoucher avant terme, ce qui multiplie d’autant les complications associées, notamment en cas de grande prématurité. « Les patientes concernées étant âgées d’une trentaine d’années en moyenne, c’est un risque à ne pas négliger, commente le Dr Carcopino. Il est directement lié à la taille de la résection d’où l’importance de la précision du geste. »

Le risque d’accouchement prématuré justifie également la position attentiste recommandée pour les dysplasies les plus légères. Or, il peut être difficile de distinguer ces dernières des lésions modérées. Comment faire dans les cas limites ? Le médecin remarque : « La conisation ne présente pas de caractère d’urgence. Les patientes peuvent interroger leur gynécologue et, pourquoi pas, solliciter l’avis d’un second spécialiste. »
Jesus Cardenasmédecin, ancien directeur médical
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