Cancer de la gencive : mélanome, sarcome ou carcinome ?
Il existe trois types de cancers de la gencive, en fonction des types de cellules initialement touchées : les carcinomes, les sarcomes et les mélanomes.
« La très grande majorité (près de 95%) des cancers de la gencive sont des carcinomes épidermoïdes, qui touchent les cellules épithéliales des tissus de revêtement, à savoir ici les muqueuses buccales » indique le cancérologue.
Beaucoup plus rarement, le cancer de la gencives peut toucher les cellules de soutien ou des tissus mous, tels que les os, le cartilage ou le muscle : ce sont alors des sarcomes.
« Enfin, dans moins de 0,1% des cas, le cancer de la gencive peut être un mélanome, à savoir une dégénérescence des mélanocytes » ajoute notre expert.
Quelles sont les causes d’un cancer de la gencive ?
Il existe un certain nombre de facteurs de risques d’apparition des cancers de la bouche, tels que les cancers de la gencive.
« Trois d’entre eux ont été épidémiologiquement démontrés : la consommation de tabac et d’alcool (avec un risque multiplié par 20 si les deux sont associés), les maladies pré-cancéreuses (en particulier le lichen plan) et enfin la sénescence (le vieillissement) qui entraîne une moins bonne résistance des cellules et une plus grande vulnérabilité aux agressions » énumère le Dr Gorphe.
A ces trois facteurs de risque identifiés, d’autres suspectés font débat : une mauvaise alimentation (trop d’aliments ultra-transformés), une mauvaise hygiène bucco-dentaire, des traumatismes chroniques (liés par exemple au port d’appareils dentaires) …
« Nous ne disposons cependant pas de suffisamment d’arguments pour affirmer que ces facteurs de risque sont réels, il s’agit donc uniquement d’hypothèses » précise notre expert.
Une augmentation de la prévalence des cancers de la bouche, en particulier des gencives et de la langue, est observée chez les patients jeunes depuis une quinzaine d’année. L’exposition aux perturbateurs endocriniens est également un facteur de risque suspecté.
Boule, nodule, cratère, excroissance : Comment se présente une tumeur cancéreuse et comment la reconnaître ?
Contrairement à d’autres cancers, celui de la gencive est rapidement symptomatique, ce qui signifie qu’en étant vigilant et attentif, il peut être pris en charge rapidement.
« Le premier symptôme est probablement la douleur, provoquée par une petite lésion sur la gencive, qui peut être irritante et gêner l’alimentation » décrit le Dr Gorphe.
Néanmoins, toute lésion dans la bouche est douloureuse même lorsqu’elles sont bénignes : aphte, plaie, morsure, brûlure …
La particularité des lésions cancéreuses, est qu’elles ne cicatrisent pas, donc ne guérissent pas en quelques jours comme c’est le cas d’une lésion bénigne.
« Toute plaie, boule, nodule, excroissance ou irritation, tâches blanche et/ou rouge, cratère … sur la gencive, qui ne guérit pas au bout de deux à trois semaines voire s’étend ou s’aggrave, doit alerter et inciter à consulter un médecin ! » insiste le spécialiste.
Les médecins généralistes sont généralement bien informés sur le sujet, et orienteront le patient vers un spécialiste afin de procéder à des examens plus poussés et de permettre le diagnostic.
Saignements, déchaussement des dents, tâche blanche ou rouge : quels sont les autres symptôme ?
Les lésions cancéreuses sur la gencive peuvent provoquer des petits saignements réguliers, un engourdissement de la zone, ou s’accompagner de plaques rouges et/ou blanches.
D’autres symptômes d’apparition plus tardives, peuvent apparaître : un amaigrissement (lié aux douleurs à la mastication ou à la déglutition), l’apparition de ganglions dans le cou (atteinte ganglionnaire), une gène à l’ouverture de la bouche, voire le déchaussement des dents si la maladie est infiltrée dans l’alvéole dentaire.
Pronostic : Peut-on mourir du cancer de la langue ?
Comme c’est le cas pour une majorité de cancers, le pronostic du cancer de la gencive de type carcinome, dépend en grande partie de son stade d’évolution. « S’ils sont diagnostiqués et pris en charge rapidement, ce sont des cancers de bon pronostic, d’où l’importance d’être vigilant sur les symptômes ! » souligne le Dr Gorphe.
Car contrairement à beaucoup d’autres cancers qui progressent silencieusement, et pour lesquels l’apparition de douleurs et symptômes est déjà la signe que le stade est avancé, le cancer de la gencive provoque rapidement des lésions visibles et douloureuses.
Lorsqu’il est diagnostiqué et pris en charge à un stade précoce, le carcinome de la gencive est de très bon pronostic : il peut être traité et guéri avec peu de séquelles et peu de risques de récidives.
« Seul le mélanome muqueux – qui est aussi le plus rare – reste de pronostic plus réservé. Il répond en effet moins bien à l’immunothérapie, qui a révolutionné le traitement des mélanomes cutané, mais est moins efficace sur les mélanomes muqueux » précise le cancérologue.
DOCTISSIMO