Myélome multiple, ce changement dans les traitements pourrait bouleverser la vie de milliers de patients
Chaque année, plus de 5000 Français apprennent qu’ils sont atteints d’un myélome multiple. Une nouvelle étude promet des traitements plus légers et moins douloureux, en réduisant la chimiothérapie et le recours aux greffes.Le myélome multiple (aussi appelé « maladie de Kahler ») est un cancer de la moelle osseuse provoqué par une prolifération incontrôlée des plasmocytes. Ces cellules sanguines de la famille des globules blancs (très proches des lymphocytes B) sont spécialisées dans la fabrication d’anticorps : chez les personnes qui souffrent de la maladie de Kahler, les plasmocytes qui prolifèrent proviennent tous d’un seul plasmocyte anormal.
Le plus souvent, la maladie de Kahler se manifeste par des douleurs osseuses : en effet, les plasmocytes anormaux produisent une substance chimique favorisant la destruction du tissu osseux, ce qui provoque une décalcification en certains endroits du squelette. En résultent des points de fragilité au niveau de l’os : des (petites) fractures peuvent alors survenir de manière chronique.
La maladie de Kahler a également un impact sur le système immunitaire : progressivement, les plasmocytes anormaux remplacent les plasmocytes sains. Résultat : la production d’anticorps (qui servent à assurer la défense de l’organisme) diminue. Concrètement, cela peut se traduire par de l’anémie, une sensibilité accrue aux infections, un risque accru d’ecchymoses (bleus) et/ou un temps de saignement prolongé des petites plaies…
Un cancer qui touche 5000 personnes chaque année
Peu connu alors qu’il constitue le deuxième cancer du sang le plus fréquent après les lymphomes, le myélome multiple touche plus de 5000 nouvelles personnes chaque année en France. Actuellement, son traitement pour les moins de 66 ans est assez lourd. Il comprend trois phases successives : une thérapeutique à base de quatre médicaments, dite « d’induction », visant à éliminer un maximum de la tumeur ; une chimiothérapie intensive, afin de réduire encore le taux de cellules cancéreuses, suivie d’une autogreffe de cellules souches issues de la moelle osseuse du patient, pour que ces cellules renouvellent les cellules sanguines détruites par la chimiothérapie ; et enfin un traitement de maintenance de trois ans, destiné à retarder les rechutes.
Or, bonne nouvelle, une nouvelle étude indique que « chez les patients répondant bien à la phase d’induction, il serait possible de supprimer l’étape de la chimiothérapie suivie de l’autogreffe. Ceci, point important, sans perte d’efficacité. Et pour les patients répondant moins bien, à qui l’on propose aujourd’hui une deuxième allogreffe – souvent mal vécue -, on pourrait se limiter à une seule greffe », expose la Pre Aurore Perrot, auteure d’une étude publiée dans le New England journal of medicine.
Cette étude est importante car : « La suppression de la chimiothérapie éviterait les effets indésirables liés à celle-ci : chute de cheveux, troubles digestifs… ; et la suppression de l’autogreffe, la nécessité d’être hospitalisé pendant deux semaines », explique la chercheuse. De quoi améliorer grandement la qualité de vie des patients. De plus, « nos résultats indiquent aussi qu’il est possible de personnaliser le traitement, pour mieux l’adapter à l’agressivité de la maladie. » ajoute la spécialiste.
Un premier essai sur près de 800 patients
Les chercheurs ont suivi 791 patients français et belges atteints d’un myélome nouvellement diagnostiqué. Tous avaient terminé un traitement d’induction à base de quatre molécules (« quadruple ») isatuximab, carfilzomib, lénalidomide et dexaméthasone
Ceux qui ont bien répondu à cette thérapeutique ont été répartis en deux groupes : la moitié a bénéficié du traitement classique décrit plus haut, avec chimiothérapie suivie d’une autogreffe de cellules souches ; et l’autre, de la même thérapeutique quadruple, mais sans ce traitement intensif. Quant aux moins bons répondeurs, la moitié a reçu deux autogreffes à 3 mois d’intervalle ; et l’autre, une seule.
Puis, au bout de 6 mois, les chercheurs ont évalué l’efficacité du traitement testé. Résultat : 84 % des répondeurs et 40 % des moins bons répondeurs (contre 32 %) ayant bénéficié d’un traitement allégé, présentaient moins d’une cellule cancéreuse pour un million de cellules normales dans leur moelle osseuse ; contre, respectivement, 86 % et 40 % de ceux traités avec le traitement classique. Ce qui indique que le traitement allégé est aussi efficace.
Source : Measurable Residual Disease–Guided Therapy in Newly Diagnosed Myeloma, New England journal of medicine, juin 2025
