conserver une sexualité après une prostatectomie
Le cancer de la prostate est le deuxième cancer le plus fréquent chez l’homme de plus de 50 ans. La prostatectomie totale est le traitement le plus fréquemment proposé. Cette intervention consiste à retirer toute la glande prostatique ainsi que les vésicules séminales. Elle a des conséquences sur la fonction sexuelle mécanique, l’éjaculation mais aussi l’érection. Et bien sûr sur la libido et le ressenti.
La fin de l’éjaculation, pas du plaisir
La prostate et les vésicules séminales sont responsables de la fabrication du sperme. L’ablation de cet organe interdit donc l’éjaculation de façon définitive. Toutefois, l’orgasme lui, est toujours possible. En effet, « le mécanisme de l’orgasme étant indépendant de celui de la fabrication du sperme, les sensations de plaisir et l‘orgasme lui-même, restent possibles après la prostatectomie et sont même plus intenses pour de nombreux patients », explique la Fédération française de Sexologie et de Santé sexuelle (FF3S).
Entretenir l’érection
Autre conséquence de l’opération : les problèmes d’érection, en raison des dommage neuro-vasculaires causés par l’intervention. Même si les nerfs parviennent à être préservés, « la contusion des tissus est responsable de réactions inflammatoires locales au niveau des tissus nerveux et des vaisseaux sanguins proches de la prostate », poursuit la FF3S. C’est pourquoi aucune érection n’est possible dans les suites immédiates de l’opération. Or cette absence d’érection sur une longue période peut avoir des conséquences à long terme. Les corps caverneux (tissus érectiles de la verge) risquent d’être moins bien oxygénés et une fibrose peut se développer, rendant difficiles les érections à l’avenir.
Afin d’entretenir les tissus et le mécanisme de l’érection, il existe plusieurs moyens. Il s’agit dans tous les cas d’une rééducation destinée à conserver la bonne élasticité des corps caverneux en permettant leur oxygénation régulière. Pour ce faire, il convient de provoquer des érections de façon régulière, par exemple en s’aidant d’un médicament d’action locale. Il est également possible de faire usage d’injections intra-caverneuses.
Dernière option, le vacuum. « Il s’agit d’un appareil qui permet d’obtenir une érection au moyen du vide – par effet de ventouse – grâce à un cylindre en plastique muni d’une pompe ». L’utilisation de ce système peut se faire en alternant avec des injections.
Réinventer l’intimité et la complicité
La récupération de la commande neurologique des érections est variable mais elle survient généralement entre 6 mois et 2 ans. C’est pourquoi il est important, pour espérer retrouver progressivement une sexualité satisfaisante, de commencer précocement à « réinventer l’intimité et la complicité dans le couple ».
« La place de la ou du partenaire est fondamentale pour aider le patient à retrouver un bon équilibre entre toutes les composantes de la sexualité et ne pas mettre l’érection au centre de tout son comportement sexuel. », souligne la FF3S. « Il faut continuer dans le couple à entretenir le désir, le dialogue et l’érotique. »